Enquête investissements 2016 des domaines skiables

Je le dis souvent, la station de montagne du futur sera d’abord et avant tout une station de ski, comme c’est le cas aujourd’hui. Les stations ont consenti ces dernières années à des efforts nécessaires de diversification de leur offre. Cela dit, le ski reste le principal facteur d’attractivité et le restera encore longtemps.

La publication des investissements 2016 est l’occasion de saluer l’esprit d’entreprise de nos stations, et la capacité d’innovation de notre filière.

L’esprit d’entreprise, parce que en réinvestissant le quart de nos recettes, nous façonnons notre avenir. L’important travail de collecte réalisé par Montagne Leaders en partenariat avec Atout France et Domaines Skiables de France permet de rendre compte chaque année d’une façon indiscutable des efforts des stations. Si je puis, je formulerais le vœu de rendre plus rigoureuse encore l’approche quantitative qui est présentée, et aussi d’ouvrir davantage sur le champ qualitatif. Car un bon investissement n’est pas nécessairement un investissement cher. Et aussi car de nombreux investissements échappent à tout recensement.

L’innovation : je la vois partout. A dire vrai, elle est parfois un peu tapageuse, ou présomptueuse… Nous la préférons quand elle répond à un besoin réel, et qu’elle ne se sur-médiatise pas avant d’avoir été éprouvée. L’innovation doit apporter de la sécurité, de la simplicité, de la facilité.
Pour nos clients tout d’abord : digitalisation, sécurisation des pistes, signalétique, prévention accidents en télésièges (à noter : on voit apparaître cette année les premiers tapis de débarquement sur télésièges).
Pour nos professionnels aussi : améliorer les conditions d’intervention sur les remontées, sur les installations de neige de culture, et pour les dameurs (ATI chauffeur treuil, automatisation de l’ancrage des machines…). Solutionner les problèmes de givrage, supprimer certaines interventions et supprimer l’exposition à certains risques : interventions à distance, drones, création de barrières techniques (NONEL)…

Il s’agit également de mieux prendre en compte les enjeux environnementaux dans le développement des produits, l’utilisation d’énergies renouvelables voire la production d’énergie, comme en utilisant nos réseaux de neige pour produire par turbinage de l’électricité hors période hivernale. L’utilisation de matériaux recyclables, de produits bio performants (huiles, dégraissants… ).

La performance énergétique de nos équipements ne peut-elle pas encore s’améliorer ? On peut encore améliorer le rendement des remontées mécaniques, des engins de damage et des réseaux de neige de culture, repousser les limites de la production marginale, cela en agissant sur la conception et sur nos process. Améliorer notre connaissance de la neige pourmieux la travailler, mieux la produire, la conserver et l’utiliser.

Et… à quand le bond technologique de nos systèmes de billetterie ?

Innover aussi dans l’offre de services touristiques, pour animer nos domaines skiables, diversifier nos activités et inventer de nouvelles expériences client.
Innover dans le management des ressources humaines, dans la formation, dans la sécurité et la santé au travail.

A cet égard, je vous informe qu’après le Pitch Inno’ qui valorise des innovations en partenariat avec le Cluster Montagne au congrès de DSF, nous allons mettre en place un Pitch’ sécurité pour favoriser le partage d’expériences sur le management de la sécurité et la santé au travail.
Pour finir, j’invite tous les inventeurs qui fourmillent d’idées neuves à se battre à nos côtés pour permettre aux exploitants de réaliser leurs projets en soutenant les positions de Domaines Skiables de France sur les lois et règlements relatifs à l’aménagement de la Montagne (activer vos réseaux politiques). Il en va aussi du maintien de votre activité en France.

Pierre Lestas, Président de Domaines Skiables de France

Investissements 2016

Mathieu Dechavanne
PDG de la CMB (Chamonix – Les Houches)

« Commençons par relativiser cette première place puisque nous la devons notamment au montant consacré à la rénovation du Tramway du Mont Blanc, financé par le Conseil départemental. L’exercice 2016 aura été marqué par des investissements conséquents sur les postes Remontées mécaniques – avec notamment le télésiège de la Parsa, la fin des travaux de l’Aiguille du Midi, ou la rénovation de la gare Helbronner –  Damage et Neige de culture. C’est ce dernier volet qui devrait constituer notre priorité dans les années à venir car notre taux de couverture du domaine skiable est encore trop faible ; nous devrons dépasser la simple optimisation des réseaux existants et l’ajout d’enneigeurs complémentaires. Il nous faudra pour cela résoudre la problématique de la ressource en eau, particulièrement sur les secteurs du Brévent et de Flégère. Au sein de la DSP qui nous lie avec la collectivité locale, les priorités du calendrier d’investissement devront peut-être être rééchelonnées pour privilégier la neige. A noter également : les montants consacrés au déclenchement préventif d’avalanche pour que les pisteurs puissent exercer en toute sécurité, ainsi que les investissements importants consacrés à la réhabilitation de la partie sommitale du site du Montenvers. »

Alexandre Maulin
Directeur général de la SATVAC (Le Corbier – Saint-Jean-d’Arves)

« Cela faisait très longtemps que l’on attendait un nouveau cadre législatif pour lancer cette campagne d’investissements. Avec cette nouvelle convention de délégation de service public, nous avons voulu aller vite et fort ! C’était un pari un peu fou que de remodeler deux départs en front de neige, avec notamment l’installation de deux appareils débrayables 6 places et d’importants travaux de pistes et d’extension de réseaux de neige de culture. Nous y sommes parvenus, malgré d’importantes contraintes environnementales ; ce fut le cas pour près de 2 500 mètres de pistes et de réseau neige qu’il a fallu planifier et réaliser en moins de trois mois ! L’occasion de saluer le travail de tous les collaborateurs qui sont les acteurs principaux de cette réussite. Nous avons beaucoup œuvré sur les remontées mécaniques, avec des installations neuves, d’autres réinstallées car les appareils présentaient encore du potentiel. C’est une illustration pour notre secteur d’activités qu’écologie et économie peuvent aller de pair. »

Jérôme Grellet
Directeur général de la SETAM (Val THorens)

« Même si nous sommes flattés de ce classement, nous travaillons avant tout pour nos clients. Nous avons consacré beaucoup à nos remontées mécaniques, en procédant notamment au remplacement de notre premier TSD4, qui avait atteint les 30 ans, une limite d’âge pour ces appareils. Et nous avons démonté le dernier téléski de Val Thorens, exception faite des 2 desservant le snowpark. Nous maintiendrons un rythme d’investissements soutenu dans les 5 années à venir, en poursuivant nos efforts sur la couverture du domaine en neige de culture ; nous devons accroître ce taux malgré notre position de station d’altitude. Le 3e titre de meilleure station du monde ? Il vient récompenser cette politique d’investissements tout en nous proposant une forme de challenge pour l’avenir. Un challenge que nous relèverons puisque l’innovation et le dynamisme font partie de l’ADN de Val Thorens. »

Le « Top 10 »

Qu’il est compliqué de figurer au sein de ce Top Ten, entre maîtrise des budgets, contraintes administratives ou environnementales, et planning d’investissements !
Sans trop de surprise, les deux Savoie se taillent la part du lion : deux domaines haut-savoyards et six savoyards. Les Pyrénées font de la résistance avec Le Tourmalet/La Mongie, quand L’Alpe d’Huez apporte un peu de diversité au sein des Alpes du Nord.
Cette répartition si particulière colle peu ou prou à la ventilation des investissements sur les différents massifs (cf page 116).
A noter au sein de ce Top 10 la présence de 2 régies et de 3 sociétés d’économie mixte, aux côtés de 5 structures privées.
Ces dix premiers représentent 146,4 M€ cette année, contre 138,6 M€ l’an passé. L’analogie s’arrête ici puisque une différence notable marque ce millésime par rapport à son prédécesseur : en 2015, seuls 3 membres de ce Top 10 présentaient un indicateur « Investissements/Chiffre d’affaires » supérieurs à 10 % ; cette année, à l’exception de La Plagne (12 %), tous se situent au-dessus des 32 %, et parfois très largement !

Dossier réalisé par Mickaël Frottier, Martin Mazza,
Lucie Héritier (Montagne Leaders), Laurent Reynaud (DSF),
Emmanuelle Galiana et Jean Berthier (Atout France)
Photos : ©Shutterstock _ FD_OTJ Design, © D.R.

Retrouvez l’enquête complète dans le numéro 259 de Montagne Leaders en kiosque, par abonnement ou en commandant en ligne le dernier numéro.

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