INTERVIEW : Alexis Dussillol, Directeur Montagne de Airbnb.

L’ère bnb ?

Fondée en août 2008 à San Francisco, Airbedandbreakfast plus connue aujourd’hui sous le nom de Airbnb, est une plateforme communautaire de location de logements. Originellement, la société californienne s’est développée dans les grandes capitales mondiales, puis progressivement, face au succès du concept, dans les grandes agglomérations. Devenue leader mondial de la location d’appartements entre particuliers, Airbnb s’est développée, depuis trois ans, au sein des Alpes françaises et s’est rapidement imposée comme un acteur incontournable en bousculant codes et habitudes. Aujourd’hui, il est indéniable que Airbnb contribue activement à l’amélioration de l’offre en station, et à la remise sur le marché de biens immobiliers, participant ainsi à réchauffer les lits touristiques, et devenant donc une solution à la problématique des lits froids qui touche l’ensemble des stations.
Rencontre avec Alexis Dussillol, Directeur Montagne de Airbnb.

Montagne Leaders   Pourquoi avoir créé un département montagne ?
A.D. :
Airbnb est originellement une société urbaine, très orientée vers la location de logements au sein des capitales mondiales. Quand je suis arrivé chez Airbnb, il y a environ cinq ans, l’entreprise s’est ouverte et développée très rapidement dans les grandes agglomérations, tant et si bien qu’aujourd’hui, tout cela fonctionne presque de manière organique, un peu tout seul. Peu à peu, nous nous sommes rendus compte que les utilisateurs de Airbnb recherchaient, via la plateforme, des logements dans des zones plus touristiques, plus connotées vacances. Pour combler ces attentes, nous nous sommes intéressés à ces nouveaux marchés. Très rapidement, nous nous sommes rendus compte que la location aux particuliers était très développée, que le secteur était déjà très structuré, et que son mode de fonctionnement était très différent de ce qui se faisait en ville.
Je me suis donc spécialisé dans ce domaine pour essayer de comprendre comment l’industrie de la montagne fonctionnait, et pour être le porte-voix de ces zones chez Airbnb, au sein d’un département montagne. La création d’un tel département était nécessaire car le marché de la montagne a ses spécificités, et nous devions travailler différemment au sein de Airbnb pour intégrer ces caractéristiques. Par exemple, nous avons créé de nouveaux filtres, comme « skis aux pieds », qui n’a évidemment aucun intérêt en ville, alors qu’en montagne il est fondamental. Il s’agit d’un exemple parmi tant d’autres.
Au sein de ce département que je représente en France, ma mission est double. D’une part, être le porte-voix de la montagne au sein de Airbnb, et d’autre part être le porte-voix de Airbnb en montagne.

ML : Porte-voix de la montagne au sein de Airbnb ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
A.D. :
Il est fondamental pour moi que l’on soit en mesure d’adapter le site Airbnb aux spécificités de la montagne. C’est en ce sens que j’ai utilisé le terme porte-voix. Par exemple, en contact aves les propriétaires alpins qui m’indiquaient les spécificités de leurs biens, je me suis fait fort de faire remonter ces particularités afin que des filtres spécifiques soient notamment intégrés dans la plateforme. Au départ, cela a été compliqué de faire comprendre aux ingénieurs situés à San Francisco qu’il était nécessaire de faire évoluer la plateforme pour s’adapter au marché alpin, car ce marché était méconnu et ne représentait encore pas ou peu de part de marché.
Pour la taxe de séjour que l’on prélève depuis le début du mois de mai dans les quatorze plus importantes stations des Alpes, si nous n’avions pas de département et de directeur montagne, je ne pense pas que la récolte ait pu être lancée si tôt. Cela ce serait évidemment fait, mais aurait sûrement pris plus de temps.

ML : Ce département montagne est unique au sein de Airbnb ou existe-t-il d’autres unités de ce type, dédiées à d’autres pays ?
A.D. :
Le premier département montagne a été créé pour la France, pour les Alpes qui sont clairement au cœur de notre stratégie aujourd’hui. Peu de temps après, un département du même type a vu le jour aux Etats-Unis, puis en 2016 en Italie et en Allemagne, qui a également la charge du marché autrichien. Aujourd’hui, nous sommes quatre dans le monde en charge de la montagne, signe que ce secteur d’activité prend une part de plus en plus importante au sein de Airbnb.

ML : Combien de personnes vous épaulent au quotidien ?
A.D. :
Je suis accompagné d’une responsable grands comptes, qui gère également les liens avec les agences immobilières. Pour tout ce qui concerne les autres services, comme le back office, le marketing ou le service clients, nous nous appuyons sur la structure de Airbnb.

ML : Comment a été accueillie l’arrivée de Airbnb en montagne ?
A.D. :
Les Alpes sont un microcosme, que les acteurs veulent protéger, à raison. La réaction face à l’arrivée de Airbnb a pu être épidermique au début, car tout fonctionnait très bien sans nous. Mon rôle a été d’aller toquer à toutes les portes des mairies et des offices de tourisme de Savoie, de Haute-
Savoie, d’Isère et des Hautes-Alpes, pour expliquer les atouts que
Airbnb pouvaient mettre à disposition des stations. Ce travail a été assez long, mais il a fini par porter ses fruits.

Retrouvez l’ensemble de l’interview dans le N°261 de Montagne Leaders