L’escale nantaise de DSF

Les 5 et 6 octobre, Nantes recevait les domaines skiables français. Après Biarritz en 2015, le choix géographique a suscité en amont certaines interrogations ; mais le Congrès de DSF en lui-même a rallié l’adhésion de tous a posteriori. Une adhésion due aussi à la présence de l’Afmont et de l’ADSP. Ces deux journées ont promené la profession de La Cité – Centre des Congrès aux salons du Nautilus ou encore au Parc des Chantiers pour une succession rythmée d’évènements, de rendez-vous et même parfois de surprises. Dynamique, enrichissant, convivial, studieux, souriant – des qualificatifs qui ne tombent pas sous le sens lorsqu’on évoque un syndicat en France – le Congrès de DSF a aussi su faire sourire, faire passer quelques émotions et faire vivre un pari musical à ses participants, venus en nombre record. C’est ce programme que ce dossier s’attache à vous faire (re)vivre.

Mieux vaut prévenir que guérir !

Mardi 4 Octobre : 15h30

La première partie de l’assemblée générale de l’Association Nationale des Directeurs de Pistes et de la Sécurité de Stations de Sports d’Hiver, ou ADSP, était pour partie dédiée à la restitution d’un important travail de recherche mené par quatre étudiants thésards de l’Université Savoie Mont-Blanc, issus du laboratoire interuniversitaire de psychologie. Développé dans le cadre de la collaboration scientifique entre l’Université Savoie Mont-Blanc et l’Assemblée des Pays de Savoie, la FNSSDS, la Compagnie des Alpes, l’ADSP, DSF, les 3 Vallées, Valloire, Méribel Mottaret, les Arcs et Saint-François Longchamp, ce travail de thèse a permis de dégager des recommandations relatives à la création et à la transmission de messages de prévention en matière de sports d’hiver.

©P.Boute

Les résultats de l’étude menée sont instructifs et prévoient différents dispositifs ou techniques, faciles à mettre en œuvre, pour tenter de réduire le nombre d’accident sur les pistes, car un skieur qui se blesse pourra être réticent à remonter sur ses skis. Trois techniques de communication peuvent être mises en place : la communication persuasive, la communication engageante et les procédés à visée ludique.
Selon la thèse rédigée et les recommandations formulées par Mathieu Pinelli, Sonia Pellissier, Clémentine Bry et Emmanuelle Lebarbenchon de l’Université Savoie Mont-Blanc, la communication persuasive s’entend comme « tout message destiné à former, renforcer ou modifier les réponses d’une ou plusieurs personnes ». Pour que ce message soit impactant pour les débutants ou les jeunes, il est nécessaire qu’il soit émis par un skieur expert et reconnu. Pour qu’il fonctionne sur un public expert, il est important qu’il provienne d’un pisteur par exemple.

La thèse nous révèle en outre que pour être efficace, le message se doit d’être à tonalité humoristique, et doit indiquer de manière explicite le comportement désirable. Le comportement attendu doit être efficace, clair, simple et les skieurs doivent être capable de le réaliser. L’étude analyse également le support du message. La vidéo semble être un outil à privilégier et qu’il est préconisé d’associer avec une brochure et des affiches. Cependant, il est nécessaire que la charte graphique utilisée sur les différents supports soit homogène. Il est nécessaire en outre que les visuels qui accompagnent le message soient reconnaissables au premier coup d’œil. Le choix des
espaces de diffusion est également primordial. La répétition du message est tout aussi importante, mais il ne faut pas non plus trop le marteler car cela peut diminuer l’effet persuasif.
La thèse révèle enfin que diffuser le message en amont du séjour au ski des futurs clients serait gage d’une grande efficacité.

Des solutions complémentaires

La communication engageante ainsi que les procédés à visée ludique sont, a priori, d’excellents compléments à la communication persuasive. La communication engageante pourrait être mise en place par les pisteurs directement au contact des skieurs sur les pistes, en allant échanger avec eux, en leur posant des questions et s’engageant avec eux à adopter un bon comportement. L’utilisation du web et notamment du site national de prévention hiver où l’internaute serait acteur de sa prévention et de sa sensibilisation serait un plus. Il serait alors nécessaire d’offrir des choix à l’internaute au travers de questions afin de l’associer à la démarche, de faire en sorte que ce soit lui qui décide et s’engage. Pour que cette technique fonctionne, il est nécessaire que l’individu se sente libre de faire le comportement attendu ou non. La thèse insiste également sur une dernière méthode, les procédés à visée ludique qui peuvent prendre la forme d’un jeu vidéo avec comme objectif un apprentissage ludique des règles et des bons comportements.

La prévention est essentielle, tout comme les moyens de la mettre en place et de la diffuser, car une personne qui se blesse sur un domaine skiable sera inévitablement plus frileuse qu’une autre à l’idée de rechausser… 
Photo : ©P.Boute

Quoi de neuf à l’Afmont ?

Mardi 4 Octobre : 17h30

Le Congrès de DSF, c’est le rendez-vous automnal de l’Afmont qui tenait donc son assemblée générale, entre l’arrivée de l’avion en provenance de Lyon et la soirée de lancement ! Quoi de neuf du côté des fournisseurs ?

AFMONT au congrès DSF 2016

Premier invité au micro : Christophe Conte, pour un retour sur Mountain Planet 2016. Le directeur d’Alpexpo a rappelé aux membres de l’Afmont les 15 179 visiteurs uniques sur le salon, avant de préciser leurs intérêts : la gestion et l’entretien des domaines skiables (41%), le transport par câble (38%), suivi de « faire vivre la montagne en dehors du ski », un thème plus inattendu. Auto-critique quant à la médiatisation de l’événement, qu’il juge encore trop réservée, Christophe Conte s’est ensuite montré rassurant quant à l’avenir d’Alpexpo, en concluant avec les dates de la prochaine édition : du 18 au 20 avril 2018.
Patrick Grand’Eury a évoqué une prochaine séance de travail collective sur la thématique « Anticiper c’est gagner », toujours en partenariat avec Montagne Leaders.
Didier Bic est revenu sur différents points de règlementations : la situation du décret pour l’accès motorisé aux restaurants d’altitude, l’issue du prélèvement à la source en Andorre pour la fin de l’année, ou encore la reconduction de la loi sur le sur-amortissement jusqu’en avril 2017. L’association des fournisseurs a également fait un point sur l’acte II de la loi Montagne (et la réforme des procédures UTN), en prélude au traitement prévu par DSF durant ces deux jours de congrès.
L’Afmont a procédé au renouvellement d’une partie de son bureau avec l’arrivée à échéance des mandats de Joël Chavat (Yamaha), Christian Excoffon (Abest), Laurent Micol (Caisse d’Epargne), et Damien Notin (EDF). Si ce dernier ne se représentait pas, les trois premiers cités postulaient de nouveau, tout comme Christian Montaz. Ces quatre candidats ont été approuvés au sein du bureau de l’Afmont.
Après un rappel de l’opération de mécénat lancée par la FFS, les invités se sont succédés à la tribune de l’Afmont.
Bernard Volk est venu présenter les rendez-vous du 20 et 21 avril 2017 : il réunira à Chambéry le salon Alpipro, le dernier-né Digital Montagne, ainsi que les Assises nationales de l’aménagement et de l’économie durables en montagne.
Le président de l’ADSP Benjamin Blanc a évoqué la thèse au sujet des messages de prévention, menée en partenariat avec DSF et les deux départements savoyards, avec l’objectif que la problématique de sécurité ne devienne pas une entrave au renouvellement générationnel des pratiquants de sports d’hiver.
Gilles Kraan s’est chargé de présenter les actions du Cluster Montagne, en tant que vice-président.
Pierre Lestas est intervenu pour détailler la bagarre perpétuelle de DSF depuis un an face au cortège de lois au sein desquelles « les bêtises ne manquent pas ». Le président de DSF a regretté la quantité d’actions menées dans la précipitation sans analyse préalable, et pour beaucoup déconnectées de la dimension économique ; un constat navrant alors même que la crise subsiste aux cotés de la problématique de sous-investissement.
Enfin, Jean-Marc Silva a présenté les actions de France Montagnes et l’une de ses missions : « interdire les gens de partir à la mer en leur faisant préférer la montagne ».

Rendez-vous avec l’Elephant…

Mardi 4 Octobre : 19h30

C’était la seule indication communiquée par DSF à ses congressistes pour les aiguiller vers la soirée de lancement. Tous sont donc allés à la rencontre du « Grand Elephant ». Inauguré en 2007, c’est l’une des vedettes des Machines de l’Île de Nantes. Après s’être émerveillés tels de grands enfants face à ses 12 mètres de haut et ses 48 tonnes, direction l’embarquement à bord du Nantilus et de ses salons : une escale de convivialité en profitant de l’ambiance nocturne sur la Loire et la ville de Nantes.

Kenavo Monsieur Decolasse

Mardi 4 Octobre : 20h30

Régis-Antoine Decolasse et Pierre Lestas

Il ne s’y attendait pas forcément ; et pourtant, quel meilleur moment que cette soirée de lancement des plus conviviales pour rendre hommage à ce gentleman de la neige ? Au nom des domaines skiables français, Pierre Lestas n’a pas tari d’éloges au sujet de Régis-Antoine Decolasse. Au moment de tirer sa révérence, l’emblématique patron de TechnoAlpin France a pu mesurer toute la sympathie qu’il inspire au sein de la profession.

L’actualité au cœur du congrès

Mercredi 5 Octobre : 09h00

Pierre Lestas et Laurent Reynaud

Dès 9h00 le mercredi matin, Pierre Lestas et Laurent Reynaud ont réuni les journalistes présents pour un point presse. Entre bilan de l’hiver 2015/2016 et perspectives pour 2016/2017, ils se sont prêtés au jeu en présentant l’actualité de DSF, et en particulier deux éléments : le manque de moyens financiers des stations et la réglementation trop lourde qu’elles subissent. En présentant les différents points qui seront abordés tout au long de ces deux jours, Pierre Lestas et Laurent Reynaud ont offert une belle entrée en matière avant d’ouvrir officiellement le congrès.

Ouverture du Congrès

Mercredi 5 Octobre : 10h00

Tradition oblige, c’est le président de Domaines Skiables de France Pierre Lestas qui a ouvert ce 78e Congrès. Pierre Lestas a poursuivi en procédant notamment aux élections au sein du comité directeur : Julien Noël et Bernard Ducati ont été reconduits ; Patrick Arnaud prend quant à lui la succession de Jean-Yves Salle.

Les comptes du syndicat

Mercredi 5 Octobre : 10h20

Jean-François Blas, trésorier de DSF, est monté à la tribune pour l’examen des comptes et pour la présentation du budget à venir. A retenir : le vote du barème des cotisations (qui n’augmentent pas), et celui de la contribution à la promotion/communication calculée sur la base du chiffre d’affaires hivernal.

8 présidents et 1 tendance

Mercredi 5 Octobre : 10h30

L’intervention des présidents de section est toujours un moment attendu du congrès, même si, comme l’on pouvait s’y attendre, la saison écoulée comportait la même analogie météorologique d’un massif à l’autre. Evacuons donc les qualificatifs du début de saison, allant de « compliqué » à « très très compliqué » selon l’ampleur de l’absence de neige, un point commun à toutes les sections à de rares exceptions près.

Philippe De Rosa, Jean-Yves Remy, Hervé Pounau et Bernard Malus.

Philippe De Rosa, Jean-Yves Remy, Hervé Pounau et Bernard Malus.

En Haute-Savoie, Alain Barbier a souligné le très bon mois d’août des domaines du département, avant d’évoquer les différentes sessions de formation du personnel, et le projet « L’eau en montagne » portée par la section.
David Ponson a affiché une Savoie « plus résiliente que les autres massifs », grâce au taux de couverture en neige de culture notamment. Prévoyant des investissements à hauteur de 115 M€ sur les domaines du département en 2016, le président de section a également rappelé la poursuite des travaux autour de l’observatoire de l’environnement.
Malgré les disparités entre Drôme, Belledonne, Oisans, Vercors et Chartreuse, Didier Beuque est resté positif au vu de l’économie générale, restée très correcte dans un tel contexte. Le président de la section Isère-Drôme a aussi souligné le bon fonctionnement des activités au mois d’août. L’amélioration de la production de neige et la gestion de la ressource en eau sont au cœur des projets de la section.

Même constat du côté des Alpes du Sud où Laurent Thélène retient bien évidemment l’impact négatif sur les sociétés opératrices de domaines skiables, mais également la bonne tenue de l’économie touristique. Une nouveauté dès la saison prochaine : les chefs des pistes seront partie prenante des réunions d’animation au sein de la section.
« Ni mieux, ni pire que les autres », le massif pyrénéen a toutefois affiché d’énormes disparités. Son président de section, Bernard Malus a manifesté son inquiétude quant aux investissements compte tenu de « la baisse des moyens des collectivités, de la non-simplification du cadre règlementaire et de la frilosité des banques ».
Saluant tout l’intérêt de la neige de culture pour certains sites avant les fêtes de fin d’année, Hervé Pounau a aussi constaté un bon mois d’août dans les domaines du Massif Central. La section est active sur l’homogénéisation des procédures de marché public et le renouvellement des encadrements pour les formations. Avec la saison hivernale écoulée, les stations du massif, et leurs élus, ont pris conscience de leur rôle de
« moteur économique pour le territoire ».

David Ponson, Alain Barbier, Laurent Thélène et Didier Beuque.


David Ponson, Alain Barbier, Laurent Thélène et Didier Beuque.

Dans les Vosges, l’altitude moyenne des domaines est venue se greffer à la problématique générale de l’enneigement naturel. C’est ce qu’a souligné Jean-Yves Remy, son président de section, avant de pointer du doigt la nouvelle carte scolaire qui fait peser tout le risque du massif sur une seule zone, ainsi que l’absence de politique touristique au sein de la nouvelle entité régionale.

Philippe De Rosa a également tiré la sonnette d’alarme afin que toutes les régions concernées par le massif jurassien prennent conscience de l’importance de l’économie liée au tourisme. « En recul très net » l’hiver, la section Jura a fait un bel été. A noter l’extension des Rousses à venir vers le canton suisse de Vaud et le massif de la Dôle. Un rapprochement qui devrait entraîner des investissements très prochainement.

Laurent Reynaud
De délégué général à gardien de but

Mercredi 5 Octobre : 11h20

Laurent Reynaud a débuté son intervention par un point sur les radiations et les adhésions. Au rang des nouvelles adhésions : le Col de Porte, Haut-Asco, Saint-Urcize et Bellefontaine.
Tarification de l’électricité, réforme des UTN, projet de loi Travail, pénibilité au travail, loi Montagne… le délégué général a retenu « l’image d’un gardien de but » toujours présent pour stopper les tentatives, pour illustrer l’action du syndicat depuis plus d’un an sur ces différents dossiers pouvant impacter l’activité des domaines skiables. Au sein de ces batailles, Laurent Reynaud a tenu à souligner une démarche jusqu’alors inédite pour le syndicat : son premier recours en Conseil d’Etat, afin de contester la légalité de l’instruction ministérielle dans le cadre du dossier de la pénibilité au travail.
Avec en filigrane les potentiels retentissements d’une médiatisation mal contrôlée en plein cœur d’une saison hivernale, le délégué général a rappelé aux adhérents de DSF toute l’importance de « la bonne information, à la bonne personne, au bon moment », une démarche reprise au sein du Guide des adhérents.

Vincent Rolland i
Lever les contraintes

Mercredi 5 Octobre : 11h25

En Savoie, la moitié de la richesse du département est issue du tourisme, et notamment du ski, c’est le constat présenté par Vincent Rolland invité à la tribune. Dans ce contexte, le vice-président du conseil départemental délégué au tourisme a rappelé les obligations pesant sur les collectivités, à l’image de l’implication de la région Auvergne-Rhône-Alpes en faveur de la neige de culture.
Témoignant des résultats d’une enquête de Savoie Mont Blanc Tourisme selon laquelle 80 % des choix de séjour se basent sur le domaine skiable, Vincent Rolland a incité à mobiliser l’un des plus simples leviers de croissance : lever les contraintes administratives et règlementaires qui pèsent sur les porteurs de projet au sein des stations.

Pitch’inno

Mercredi 5 Octobre : 11h30

DSF et le Cluster Montagne ont réitéré cette année la séquence Pitch’inno. Sept entreprises ont eu trois minutes pour se présenter devant un auditoire bien attentif.

DSF et le Cluster Montagne ont réitéré cette année la séquence Pitch’inno.
Sept entreprises ont eu trois minutes pour se présenter devant un auditoire bien attentif.

CGX MOUNTAIN a développé des solutions informatiques communicantes qui offrent un moyen de supervision des domaines skiables.

FICAP a mis en avant ses tapis roulants pilotables à distance et à haut débit.

PAYINTECH a fait connaître son bracelet connecté, permettant le paiement dématérialisé sur tous les services de la station. Un service main-libre pour plus de liberté.

SKAPING a mis en lumière sa dernière génération de webcam qui sublime les paysages des stations, de quoi améliorer toujours plus la page la plus regardée sur les sites internet des stations !

EASY MOUNTAIN met la montagne dans votre poche, grâce à l’application mobile communautaire Mhikes qui permet de partir à l’aventure via un guidage GPS précis, même hors couverture réseau.

Beaucoup d’accidents sur les pistes pourraient être évités grâce à un meilleur échauffement, c’est le constat qu’a fait ASO FRANCE qui est venu exposer Be4Ski, une aire d’échauffement avant le ski.

A la poursuite des Millenials !

Table-ronde « Quels canaux de distribution demain ? », Rodolphe Roux, directeur de la transformation digitale chez Wiko Global Florent Sciberras, reponsable de l’offre Airbnb en France, Jean-Yves Remy, pdg du groupe Labellemontagne Laurent Chelle, directeur du développement et de l’attractivité des destinations montagne à la Compagnie des Alpes

Rodolphe Roux

Dans ce « monde à 18 secondes », le temps moyen estimé pour un tweet, c’est Rodolphe Roux qui a introduit ce débat en présentant aux domaines skiables l’enjeu et les quatre défis d’un futur bien plus proche qu’ils ne pouvaient l’imaginer.
Le directeur de la transformation digitale chez Wiko Global – désormais 2e distributeur de téléphone mobile en France derrière Samsung – a identifié la clientèle que toutes les stations tentent d’attirer : les Millenials, comme les ont baptisés les sociologues américains William Strauss et Neil Howe. Née entre le début des années 80 et la fin des années 90, cette « génération Y » a été élevée dans un monde déjà largement digitalisé, contrairement à ses aînées ; ses attentes sont différentes, ses valeurs et son mode de consommation également, ainsi que sa culture, amplement dépendante d’internet, au sein de laquelle le wi-fi est l’argument essentiel, voir incontournable.

Le premier des défis vis-à-vis de ces Millenials est sans conteste la téléphonie mobile. A l’heure des smartphones, Rodolphe Roux incite à se focaliser sur les applis, au détriment des sites internet, probablement déjà obsolètes. Une stratégie qui vaut à une condition : dépasser les simples apps pour se faire une place dans cette jungle. (Ndlr : Selon Statista, le nombre de téléchargements d’appli en 2017 pourrait atteindre les 200 milliards.) Et cela passe notamment par la notion de gamification dans l’utilisation des applications pour toute une génération contemporaine du boom video-ludique ; l’appli d’une destination ou d’un domaine skiable doit permettre à un Millenial de collectionner, de gagner des points,
d’échanger avec sa communauté, bref d’impacter positivement sa consommation sur place.
Car la consommation de ces nouveaux skieurs est le deuxième défi : aux côtés de la question du pouvoir d’achat, Rodophe Roux pointe la problématique du « vouloir d’achat ». En plus de devoir l’inciter à la pratique des sports d’hiver, cette génération présente la particularité de souhaiter consommer gratuitement… Le micro-paiement semble être la solution à cette tendance : là où l’on souscrivait une assurance pour une
journée complète de ski, les Millenials ne rechigneraient pas à assurer la descente de leur dernière piste de la journée pour 50 centimes, et ce depuis la télécabine qui les y emmène !
Des habitudes de consommation qui impliquent de repenser son propre modèle de distribution, le 3e défi selon Rodolphe Roux. Le tourisme n’échappe pas au phénomène de l’ubérisation, il en est même l’un des pionniers : rappelez vous que vous avez tous eu recours à une référence du e-commerce en France en tapant sur votre clavier « voyages-sncf » ! Le monde des sports d’hiver connaît et connaîtra l’ubérisation, il faudra intégrer cet état de fait pour repenser nos modèles, casser nos habitudes et « affronter ce perpétuel changement ».

Et c’est là le 4e défi : savoir se réinventer. Une station de ski, comme une entreprise, doit se réinventer, créer de nouveaux usages, proposer de nouveaux services pour fidéliser sa clientèle, intégrer des objets connectés, et tout cela rapidement !
A ces quatre défis Rodolphe Roux, n’oublie pas d’ajouter la nécessité de récompenser les clients les plus fidèles, l’importance du story-telling pour qu’un domaine skiable raconte ses spécificités et son histoire, et d’insister sur la gamification de notre société, une tendance à laquelle les stations n’échapperont pas. Tout en finissant sur une note d’optimisme : « Le bonheur de la France reste que tout est possible ! »
La formule « Tout est possible », Florent Sciberras la connaît bien ; le responsable de l’offre Airbnb en France s’est fait le témoin de ces nouveaux canaux de commercialisation avec quelques mots au sujet de son groupe. Avec 3 millions de
logements au travers de 191 pays, la plate-forme d’hébergement connaît un certain succès … Florent Sciberras retient trois raisons majeures à cette réussite.
La simplicité d’utilisation tout d’abord, que ce soit pour le voyageur ou l’hébergeur : le premier n’a qu’un interlocuteur et peut valider sa commande de manière autonome chez lui d’un simple click, quand le second publie son offre gratuitement et dispose d’une garantie de paiement qui transite par Airbnb.
La qualité des logements est issue d’un cercle vertueux au sein duquel seuls les voyageurs peuvent émettre un avis et une notation sur la nature de l’hébergement et son adéquation au descriptif.
Le tout via une plate-forme qui ne connaît aucune limite géographique sur la planète.

Avec 100 millions de voyageurs depuis ses débuts en 2008, Airbnb a identifié quelques retours d’expérience et habitudes de consommation applicables à la destination montagne. Rien de révolutionnaire en soit, mais bien quelques évidences : la perte de vitesse de la formule du « samedi au samedi », et son corollaire « Le samedi est le meilleur jour pour skier ! », un processus de réservation qui tend vers la dernière minute, ou encore une durée moyenne de séjour qui s’établit entre 4 et 5 jours. Autant d’arguments vers une flexibilité que le tourisme en montagne ne connaît pas (encore). Cette tendance, Florent Sciberras suggère de l’étudier en intégrant ces jeunes générations au sein de l’entreprise, de la station ou de la destination afin d’observer et d’apprendre les nouveaux codes de comportement touristique des Millenials, ceux qui ne comprennent pas « pourquoi un forfait demi-journée ne coûte pas le moitié du prix d’un forfait journée ? ». Une interrogation a priori simpliste mais qui symbolise une fracture culturelle qu’il faudra combler. Un sentiment semble toutefois faire l’unanimité : la nécessité de simplifier les informations. Rodolphe Roux complète ceci avec une statistique Google : en moyenne il ne faut pas moins de 43 actions sur le web avant de choisir sa destination de vacances…

Laurent Chelle & Florent Sciberras
Jean-Yves Remy, pdg du groupe Labellemontagne

Parmi les échanges avec les deux représentants des opérateurs de domaines skiables présents à leurs côtés – Jean-Yves Remy, pdg du groupe Labellemontagne et Laurent Chelle,
directeur du développement et de l’attractivité des destinations montagne à la Compagnie des Alpes – retenons les sentiments contrastés de ces derniers face à cette reconfiguration de la demande touristique : « le sentiment de vide devant nous » et « une opportunité de faire évoluer nos pratiques ».
Après s’être défendu de cannibaliser les hébergements existants, Florent Sciberras a souhaité afficher Airbnb comme un canal de distribution complémentaire à ce qui existait auparavant.
Quant à l’idée de simplifier le parcours client, la question de l’élargissement des offres d’Airbnb vers des produits packagés n’est pas restée longtemps sous-entendue : Florent Sciberras a rappelé que le cœur de métier de la plate-forme restait l’hébergement, sans omettre de préciser qu’un séjour est réussi lorsqu’on en parle à son retour… Rodolphe Roux a également pointé tout l’enjeu des conciergeries pour remettre le client au cœur du domaine skiable.
Après la délicate interrogation de l’avenir de la distribution des forfaits de ski – les data clients, présentes chez nombre de professionnels touristiques, seront a priori le nerf de la guerre – l’auditoire a notamment réagi à la question de la fiscalisation de ces activités d’hébergement qui animent depuis quelques mois les professionnels du tourisme.

Si ces échanges ne permettront pas de conclure le sujet des canaux de distribution de demain, il reste un sentiment inconfortable pour les chefs d’entreprise, et donc pour les dirigeants de domaines skiables, celui de devoir suivre, voir anticiper, des changements dont aucun spécialiste de la génération Y ne peut imaginer la prochaine tendance… 

Retrouvez la suite et l’intégralité des 30 pages dédiées au congrès de Domaines Skiable de France édition 2016 dans le Montagne Leaders N°258