Remontées Mécaniques : La fluidité, priorité des domaines skiables

Une année si particulière. La physionomie des chantiers de remontées mécaniques du cru 2020 est loin des standards, mais les nouveaux appareils, au nombre de 15, téléportés et téléskis confondus, présentent néanmoins de belles innovations et des améliorations notoires pour les domaines skiables concernés. Que ce soit en termes d’accessibilité ou de fluidité.

Oz-Vaujany

Projet d’envergure, l’Eau Dolle Express à Allemond mettra Oz-Vaujany et le Grand Domaine de l’Alpe d’Huez à moins de 45 minutes de Grenoble alors que la télécabine de Vercland à Samoëns sera le premier appareil en France à pouvoir fonctionner à 7 m/s. Partout, le maître mot est la fluidité afin que les skieurs attendent le moins possible dans les files et bénéficient de temps de trajet réduit avec davantage de confort. Aussi, exploitants et constructeurs s’efforcent de proposer des nouvelles remontées mécaniques qui remplacent une ou plusieurs vieilles installations afin de réduire le nombre de pylônes et leur impact visuel tout en élargissant les espaces skiables. Visite guidée.

Samoëns

Assister aux premiers essais pour le STRMTG à la vitesse d’exploitation de la nouvelle télécabine de Vercland était un moment privilégié. Car elle sera, lors de sa mise en fonctionnement pour Noël, la première ligne en France à fonctionner à la vitesse de 7 m/s. De la gamme D-Line du constructeur Doppelmayr, cet appareil va permettre de relier le hameau de Vercland au domaine skiable de Grand Massif en un petit peu plus de six minutes, alliant performance et rapidité. Ce que ne pouvait plus proposer l’historique télécabine 4 places des Saix (1973). Le projet a été travaillé depuis deux ans conjointement avec la mairie de Samoëns et sa construction a été réalisée dans des délais extrêmement tenus puisque du démontage mi-mai aux premiers essais début novembre, seulement six mois se sont écoulés. Le choix de gares longues permet un embarquement confortable et facile pour les skieurs et piétons et d’y stocker les 45 cabines (débit initial de 2 000 p/h). La couleur sombre des gares et des cabines permet une meilleure intégration au paysage. La télécabine aura un fonctionnement nocturne afin de garantir des retours tardifs et de donner la possibilité de mettre en place des animations ski nocturne sur le plateau de Saix à Samoëns 1600.

Appareil :  TC10 de Vercland
M. d’ouvrage :  GMDS
M. d’œuvre :  DCSA
Constructeur :  Doppelmayr
Dénivelé  : 803 m

Vaujany

Sept minutes 30 secondes, ce sera désormais le temps nécessaire pour rejoindre l’Alpette depuis Montfrais. Depuis l’arrivée de la télécabine de Montfrais, ce sont désormais un tapis roulant (Sunkid) puis un téléporté (MND Ropeways/Bartholet) qui permettent de rejoindre l’Alpette. Parmi les éléments déterminants de ce choix d’implantation : l’emprise au sol d’une gare de débrayable, l’amélioration de la gestion des flux, ou encore la réimplantation du jardin d’enfants. Cette nouvelle chaîne d’appareils a pris la place du TKD Montfrais I et du TSF4 Clos Giraud, tous deux démontés. (Le déplacement du TKD Montfrais II fait l’objet d’un prochain projet.)
Désormais, la clientèle ne devrait plus hésiter à descendre profiter du secteur de Montfrais, jusqu’alors « à l’écart » compte tenu de la demi-heure qu’il fallait prévoir pour remonter vers l’Alpette avec les anciens appareils.
Le choix d’un téléporté mixte, sièges et cabines, est une solution de confort pour l’école de ski évoluant sur ce secteur. Elle constitue également une attention à destination des piétons qui pourront désormais circuler au sein d’une boucle de télécabines/téléphériques : Montfrais, Clos Giraud, Vaujany-Alpette, et Villette.

Appareil :  TSCD 6/10 Clos Giraud
M. d’ouvrage :  Mairie de Vaujany
M. d’œuvre :  MTC
Constructeur :  MND Ropeways
Dénivelé  : 370 m

Arêches-Beaufort

Avec la réalisation de la télécabine du Bois, c’est un projet de près de vingt ans qui se réalise. Bien que la conception du rendu final soit plus récente.
Parfois, dans les études de satisfaction, les skieurs imaginaient deux stations différentes alors qu’ils parlaient simplement de deux secteurs distincts. Avec cette nouvelle remontée, le Planay (1 204 m) et le plateau du Cuvy (1 736 m) seront reliés en six minutes seulement (exploitation à 6 m/s).
Si aucune piste n’a été créée, celle de Perches sera valorisée alors que les temps de liaison seront largement réduits, permettant ainsi aux débutants et à tous les autres clients, de mieux circuler entre les deux zones dès le 19 décembre 2020 pour l’ouverture du domaine skiable.
Le choix s’est porté sur une télécabine puisqu’à coût sensiblement similaire, le chantier estimé à près de dix millions d’euros a nécessité moins de pylônes (13) que pour un télésiège (23). Trente-quatre cabines (avec possibilité de passer à 50) de dix places si besoin seront disposées sur la ligne de 1 987 m avec un câble de diamètre de 52 mm. Le débit de la télécabine est de 1 500 personnes à l’heure, et pourra être porté jusqu’à 2 200 personnes.

Appareil :  TC10 du BOIS
M. d’ouvrage :  SEMAB
M. d’œuvre :  Sarrasola / AIM
Constructeur :  POMA
Dénivelé  : 532 m

Allemond – Oz

C’est l’un des ascenseurs valléens les plus attendus : l’Eau d’Olle Express prendra du service cet hiver pour relier Allemond au domaine d’Oz-Vaujany. Grâce au génie civil réalisé en 2019, et des travaux redémarrés dès février, l’héliportage a pu être réalisé avant la saison touristique estivale.    
La ligne présente notamment une portée de 465 m à hauteur de la Combe du Boulangeard, avec une centaine de mètres de survol par endroits. De quoi justifier un dispositif de surveillance du positionnement de câble, ainsi qu’un système de chariot pour garantir l’évacuation sur cette zone.
Son implantation urbaine a conduit à quelques spécificités. Un dispositif vient ainsi atténuer le bruit de roulement lié à la vitesse élevée des cabines en entrée et sortie de gare. Esthétiquement, les pylônes ont pris une couleur gris ardoise pour s’intégrer à leur environnement. Ces pylônes, et les cabines Evo version Deep, seront éclairés compte tenu de l’amplitude horaire étendue d’ouverture. Exploitée par la SPL Oz-Vaujany, la télécabine déposera ses passagers sur le domaine d’Oz, entre les télécabines de Poutran et de l’Alpette. Un ascenseur incliné devrait compléter cet appareil l’hiver suivant pour permettre aux piétons de rallier le cœur d’Oz.

Appareil :  TC10 Eau d’Olle Express
M. d’ouvrage :  SIEPAVEO
M. d’œuvre :  DCSA
Constructeur :  Leitner
Dénivelé  : 656 m

Valmorel

Le domaine skiable de Valmorel poursuit sa modernisation avec ce deuxième télésiège 6 places débrayable en deux ans. Ce nouvel appareil, qui vient remplacer un télésiège 4 places et deux téléskis, représente un investissement global de 7 millions d’euros et a permis de supprimer 40 pylônes et de travailler sur les réseaux électriques. Résultat, une montagne nettoyée et un réseau plus fiable. Au cœur du domaine, le TSD6 de la Biollène devient le plus gros porteur du grand domaine. Il va permettre de fluidifier la zone débutants-intermédiaires de la station tout en renforçant l’aspect secours avec un poste de secours et une salle de soins digne de ce nom en G2. Commencés le 15 mai, les travaux ont été exclusivement réalisés par des entreprises savoyardes et devraient permettre une livraison pour la première semaine de décembre. La sécurité au travail pour les futurs employés à l’appareil a été l’une des priorités sur cet ouvrage avec la construction de cabanes à toit plat afin d’éviter de passer sur les voies et empêcher ainsi les risques de collision.
Aussi, un mur pare-vent a été installé en G2, le premier en France, du fait des grands vents qui peuvent souffler sur cette zone proche du col de la Madeleine.

Appareil :  TSD6 de la Biollène
M. d’ouvrage :  DSV
M. d’œuvre : Sarrasola / AIM
Constructeur :  POMA
Dénivelé  : 279 m

Méribel-Mottaret

Adieu la vieille télécabine de Plattières 3 qui datait de 1984. Les 51 cabines ont été vendues cet été (500 € pièce) en seulement trois minutes et les 25 500 € récoltés reversés à quatre associations. En lieu et place, un TSD6 POMA va assurer plus de confort et de rapidité (2 min 11 s de trajet) à ce dernier tronçon qui permet de rejoindre le Roc des 3 Marches et de passer du côté des Menuires.
Les derniers pylônes ont été levés après le 15 août du fait de restrictions environnementales alors que le câble a été posé fin octobre pour basculer sur la phase de mise en route avec le moteur de secours puis avec le moteur électrique début novembre. Suivant le même tracé que l’ancienne télécabine, ce nouvel appareil a permis de passer de onze à sept pylônes et de supprimer 1 000 m2 de l’ancienne gare.
Télésiège dans les standards actuels de POMA, la S3V a fait le choix d’une station motrice avec tension aval afin de regrouper les motrices du site au même endroit pour faciliter les interventions et la maintenance. La motorisation direct drive permettra des économies d’énergie à hauteur de 8 %.
Côté sécurité, les sièges posséderont un garde-corps et un repose-pieds par personne.

Appareil : TSD6 Bouquetin
M. d’ouvrage :  S3V
M. d’œuvre :  DCSA
Constructeur :  POMA
Dénivelé  : 290 m

Le Corbier

Le nouveau télésiège du Corbier fait le lien entre le passé et le présent à plus d’un titre. En effet, ce TSD6 remplace deux TKD de 2003 et 2007 au cœur d’un secteur historique des Sybelles, l’Ouillon, qui a permis de créér les liaisons du domaine skiable à l’initiative de Gaston Maulin et Louis Buisson.
Ce point névralgique de la station, qui était devenu problématique avec 1 300 personnes à l’heure et un espace skiable réduit du fait des lignes de téléskis, sera donc un vieux souvenir. À la place, l’appareil d’une longueur de 1 234 mètres, sera doté de 64 véhicules permettant un débit initial de 2 400 pers/h pouvant être porté à 3 000 si besoin. Un aménagement nécessaire qui optimisera le temps de trajet et assurera un ski plus confortable et plus espacé pour les clients.
Et qui a l’avantage également de nettoyer la montagne puisque la ligne de télésiège ne comporte que dix pylônes contre 40 précédemment.
Siglé Bartholet, car signé avant le rapprochement avec MND Ropeways, la remontée mécanique représente un investissement de 4,3 millions d’euros. Un coût moindre grâce à ce programme d’investissements conséquent lancé en 2015.

Appareil :  TSD6 Gaston Express
M. d’ouvrage :  SATVAC
M. d’œuvre :  TIM Ingénierie
Constructeur :  MND Ropeways
Dénivelé  : 196 m

Sainte-Foy-Tarentaise

Installé en 1990, le TSF4 de l’Arpettaz a été démonté au printemps pour être remplacé par un TSD6 POMA. L’implantation de la ligne est quasiment identique puisque seule la gare aval a été un peu décalée afin de faciliter les arrivées des skieurs. Des skieurs qui seront enchantés par ce nouvel appareil. En effet, depuis quelques années la clientèle demandait du changement pour ce secteur du domaine skiable de Sainte-Foy-Tarentaise.
Cet appareil est structurant puisqu’après le départ station, le TSF4 avait tendance a créér des embouteillages, car vite saturé. En parallèle, le télésiège de Grand Plan qui part du centre station verra sa capacité augmenter avec 14 sièges supplémentaires. L’enchaînement des appareils et l’accès à la zone d’altitude se trouveront largement amélioré et sera surtout bien plus rapide.
Maître d’ouvrage, la nouvelle municipalité de Sainte-Foy-Tarentaise a décidé de maintenir un investissement important (6 M€) et a signé le marché début avril. Une volonté confirmée puisque reporter l’installation d’un an n’aurait rien apporté les banques ayant déjà donné leur accord. Une façon également de donner un coup de pouce au milieu montagnard et aux entreprises qui y travaillent.

Appareil :  TSD6 de l’Arpettaz
M. d’ouvrage :  Sainte-Foy Tarentaise
M. d’œuvre :  Sarrasola / AIM
Constructeur :  POMA
Dénivelé  : 334 m

Vars

Lancé sur le tard, à la fin août, pour des raisons administratives, le chantier a finalement avancé vite et bien, grâce au professionnalisme et à la persévérance de toutes les entreprises engagées.
L’appareil devrait être livré courant janvier, soit seulement avec deux ou trois semaines de retard, et ce malgré les différents épisodes neigeux de septembre et octobre, notamment pour la G2 implantée à 2 262 m d’altitude.
Situé dans le village de Sainte-Marie, hameau originel de la station de Vars, ce nouveau télésiège Leitner remplace deux téléskis (1977) en enfilade qui ne répondaient plus du tout à la réalité et aux besoins d’une station moderne.
Ce TSD6 est accompagné d’un aménagement important qui a permis de créer une piste bleue sous la ligne afin de faciliter la descente à tous les profils de skieurs dont les débutants. Car le secteur du Peynier, entre fôret et prairies, gagne à être skié. La connexion avec Les Claux, cœur de la station sera donc largement facilitée (moins de sept minutes de montée) et redonne donc à ce hameau historique une place prépondérante.
Le projet a également été l’occasion de démonter un troisième TKD qui n’était plus exploité et de supprimer un total de 33 pylônes.

Appareil :  TSD6 du Bois Noir
M. d’ouvrage :  SEM SEDEV
M. d’œuvre :  ERIC
Constructeur :  Leitner
Dénivelé  : 585 m

Jura sur Léman

Sur les deux nouvelles remontées mécaniques du nouveau domaine transfrontalier franco-suisse Jura sur Léman (Les Rousses/TéléDôle) lancé le 1er juillet dernier, le télésiège 6 places des Jouvenceaux est l’appareil phare. Projet reporté d’année en année, l’aménagement a enfin vu le jour en 2020 et ce, malgré la crise liée au Covid-19. Pour le plus grand plaisir des acteurs des stations des deux côtés de la frontière.
Ce TSD6 remplace un TSF4 de 1991 en apportant davantage de confort client à l’embarquement et au débarquement. L’accès au sommet des Tuffes sera nettement plus rapide puisque le temps de trajet sera de 4 minutes 30 contre 12 minutes avec l’ancien télésiège. Le débit initial sera de 2 800 p/h et pourra être porté jusqu’à 2 950 p/h. En complément de l’allongement de la ligne qui part de 1 163 mètres et arrive à 1 418 mètres, le tracé du téléski des Jouvencelles parallèle à celui du télésiège, a été également modifié. La G1 a été remontée et l’arrivée se fera désormais au sommet des Tuffes.
L’une des particularités de l’ouvrage est que les 13 pylônes ont été levés au camion. Les travaux démarrés en juin ont permis une livraison comme Initialement prévue pour l’ouverture en décembre.

Appareil :  TSD6 Jouvenceaux
M. d’ouvrage :  SMDT
M. d’œuvre :  CNA
Constructeur :  POMA
Dénivelé  : 255 m

Jura sur Léman

C’est la deuxième partie du grand projet d’amélioration du domaine de Jura sur Léman avec un appareil plus petit mais au combien important. Ce TSF4 de la marque CCM Finotello, assez peu présente en France, permettra de relier facilement le massif de la Dôle (1 233 m) à celui des Tuffes (1 419 m) et aux pistes du secteur du Balancier en neuf  minutes (ligne de 1 373 mètres).
Point noir jusqu’à présent, la connexion entre la France et la Suisse s’en trouvera considérablement optimisée. Car jusqu’à présent, la liaison s’effectuait par une piste verte assez longue et plate qui nécessitait généralement aux skieurs de pousser sur les bâtons. Et le télécorde installé depuis quelques années n’était qu’un palliatif peu attrayant pour les aider. Cette nouvelle remontée mécanique s’accompagne également de l’aménagement de la piste verte de liaison qui a été élargie et qui permet de rejoindre plus aisément le bas du télésiège. Si tous ces travaux concernent la partie française du domaine, le côté suisse n’a pas été délaissée puisque la liaison entre les téléskis du Tabagnoz et celui du Leseneys a elle aussi été revue pour permettre davantage de fluidité, le maître mot du projet franco-suisse.

Appareil :  TSF4 Dappes – Tuffes
M. d’ouvrage :  SMDT
M. d’œuvre :  CNA
Constructeur :  CCM Finotello
Dénivelé  : 186 m