« 2017 est une année très particulière […] Il s’agit d’une année catastrophique qui s’inscrit dans une lignée catastrophique ». Ces propos, qui glacent le sang, ont été prononcés par Delphine Six, glaciologue à l’Institut des géosciences de l’environnement.
Selon le laboratoire de glaciologie géophysique de l’environnement de Grenoble, les glaciers alpins ont perdu 25% de leur superficie entre 2003 et 2015. Les scientifiques qui ont étudié six sites européens, ont découvert que les glaciers alpins perdaient en moyenne 1,80 mètres de glace par an. « Un glacier repose sur un équilibre entre deux phénomènes : l’accumulation de neige au sommet et la fonte de la glace en bas […] Lorsque l’accumulation est plus importante, le glacier grandit. Lorsque la fonte l’emporte, il diminue. Nous sommes depuis trente ans dans une phase où la fonte l’emporte clairement » confie Christian Vincent, ingénieur au CNRS.
A l’heure où le One planet summit est organisé à Paris, le sujet inquiète, et doit inquiéter, car « à ce rythme, il ne fait aucun doute que tous les glaciers situés sous une altitude de 3 500 mètres auront disparu d’ici à 2100 » tient à souligner Christian Vincent avant d’ajouter que « même avec un scénario de réchauffement climatique modéré, celui de Saint-Sorlin disparaîtrait d’ici à 2080, alors qu’il est situé à 3 460 mètres d’altitude ». Quels sont les impacts de ce phénomène ? Pour Christian Vincent, « les glaciers alimentent les cours d’eau, avec des débits plus importants pendant l’été. L’accélération de la fonte va avancer ces pics dans l’année mais aussi réduire le débit de certains cours d’eau. Cela peut notamment affecter la production d’électricité des barrages ».
Autres conséquences, des avalanches de glace. « Ces glaciers se situent sur des pentes très raides mais sont collés à la roche par les températures négatives. S’ils venaient à se réchauffer, de l’eau coulerait à leur base et pourrait les faire déraper subitement, provoquant des avalanches de glace » confie Christian Vincent avant de lancer un avertissement : « quelques glaciers des Alpes françaises surplombent des vallées, comme celle de Chamonix. Cela pose donc la question de la gestion du risque en aval ».
Alarmiste et à la fois clairvoyant, Christian Vincent avertit qu’ « il n’y a pas de solution à long terme et la disparition des glaciers de moins de 3 500 mètres d’altitude semble donc irrémédiable. Il faudrait vraiment ralentir le réchauffement planétaire, initier un changement drastique du climat, pour que nos glaciers retrouvent une bonne santé ».