Forcément, à l’heure de la COP21, nombreuses sont les voix à s’exprimer sur l’avenir de la montagne, l’avenir du ski. Il est certain que les effets du réchauffement climatique se font sentir, se voient. « Tous les glaciers ont perdu en volume et en longueur dans les Alpes cet été. Certains se sont coupés en deux. Le gel permanent entre les fissures des roches, qui a un rôle de ciment, fond et des versants entiers perdent leur stabilité, ce qui peut être très dangereux » constate Ludovic Ravanel, chercheur au laboratoire Environnements, dynamiques et de territoires de la montagne du CNRS.
Si les changements sont indiscutables, c’est notamment sur les conclusions que certains en tirent qu’il y a beaucoup à dire. A l’évocation d’une augmentation sensible des températures, certaines voix s’élèvent pour annoncer la fin du ski, la fin d’une dynamique économique. La FIANET vient justement de s’intéresser de près à la question et propose une bien autre vision de l’avenir du ski en montagne. La Fédération Internationale des Associations Nationales d’Exploitants de Téléphériques, qui rassemble les chambres professionnelles d’exploitants des pays d’Europe, appuie son analyse sur des indicateurs précis, liés directement à la fabrication et au maintien du manteau neigeux et raisonne sur une échelle de 10 à 30 ans.
Pour la FIANET, l’exploitation des données météorologiques des dernières décennies montre que les changements climatiques n’ont que de faibles répercussions sur l’enneigement naturel et la production de neige en Europe. En outre, aucune tendance à la hausse des températures moyennes en hiver n’a été identifiée dans l’espace alpin. Qui plus est et comme le démontre plusieurs analyses indépendantes publiées en 2015, « le nombre de jours par saisons pendant lesquels il est possible de produire de la neige pendant la période de 1994-1995 à 2013-2014 est plus que suffisant pour garantir les besoins du ski à l’avenir, en basse altitude comme à plus haute altitude ». La FIANET précise également que « partant de l’hypothèse que trois jours sont suffisants pour réaliser un enneigement de base, il resterait possible de garantir cet enneigement de base avant Noël jusqu’en 2050, même avec une augmentation de température de 1,8°C, dans la grande majorité des stations »
Si la FIANET, qui regroupe près de 1 000 entreprises de remontées mécaniques et de domaines skiables du Sud de l’Espagne au Nord de la Finlande, est attentive aux effets du réchauffement climatique, les domaines skiables le sont également. A Chamonix, même si la configuration et l’altitude des différents sites sont propices au ski, le maire de la ville, Eric Fournier prend plus qu’au sérieux cette thématique : « notre contrat avec les opérateurs de remontées mécaniques prévoit que nous n’investirons dans des rénovations et des améliorations d’équipements que dans les secteurs où nous avons une garantie d’enneigement […] Nous voulons développer sur le site du Montenvers une structure scientifique à destination du grand public pour valoriser le travail des scientifiques sur le changement climatique ».