L’avenir du pin sylvestre est menacé

L’Irstea est partenaire du projet Sylforclim visant à mesurer les conséquences du changement climatique sur la végétation pour en adapter la gestion. Michel Vennetier, chercheur à l’Irstea, s’est ainsi intéressé à la vulnérabilité du pin sylvestre en région PACA.

Le pin sylvestre est l’espèce d’arbre la plus répandue dans les forêts de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Comme d’autres essences, elle essuie depuis plusieurs dizaines d’années les augmentations de température conjuguées à des précipitations en baisse qui touchent la région. Cette évolution climatique s’accompagne d’autres nuisances comme l’accroissement des parasites. L’enjeu est bien le futur de l’espèce en elle-même, et indirectement l’impact sur la filière bois, sur le risque incendie ou encore le déséquilibre de la biodiversité locale.
Les relevés de terrain se sont attachés à évaluer l’état sanitaire des pins sylvestres et leur sensibilité aux changements climatiques. Les résultats font apparaître une baisse de la productivité amorcée dans les années 80, largement amplifiée par les sécheresses successives. « Sur l’ensemble de la région, les arbres ont environ la moitié de la surface foliaire qu’ils devraient avoir », explique Michel Vennetier.
L’analyse de tous les facteurs a permis de dégager les critères responsables de la défoliation et du dépérissement des arbres : la présence de gui est l’une des causes principales, le nombre de nids de chenilles processionnaires joue aussi un rôle important.
Cette analyse a permis de proposer un certain nombre de préconisations en faveur de l’avenir du pin sylvestre, à commencer par l’établissement d’un diagnostic précis de l’état des peuplements et des conditions dans lesquelles ils se trouvent. Selon l’Irstea, en cas de fort dépérissement dans les situations défavorables, le pin sylvestre n’a pas d’avenir : il est préconisé de changer d’espèce, par régénération naturelle ou par reboisement. Dans les situations intermédiaires, il est suggéré de renouveler les arbres de plus de 80-100 ans, d’éclaircir les peuplements, en particulier les arbres infestés par le gui, et de procéder à des coupes pour régénérer rapidement les pins et les autres espèces. Dans les cas les plus favorables, une gestion classique peut être menée mais une vigilance accrue est tout de même de mise : des éclaircies et un rajeunissement seront nécessaires dans le futur. « Les forêts qui seront là dans 80 ans, c’est maintenant qu’elles se préparent. » conclut Michel Vennetier.