Après la chute historique de leurs investissements en 2020 (237 M€), directement associée à la crise sanitaire, les domaines skiables français, bien soutenus par les pouvoirs publics, avaient limité le contrecoup économique en 2021 (268 M€). Il fallait déjà y voir une illustration de la confiance des professionnels dans leur filière.
En affichant cette année le deuxième meilleur total d’investissements de la décennie, les opérateurs tricolores confirment leurs certitudes vis-à-vis de la destination montagne. Au-delà du chiffre positif, auquel il convient d’associer l’effet de l’inflation, la ventilation de ces montants sur les différents postes laisse entrevoir des tendances futures.
Les budgets alloués aux remontées mécaniques témoignent encore et toujours du rôle de locomotive économique dévolu aux sports d’hiver, et ce pour encore de belles années. En revanche, les loisirs hors ski, et la tant recommandée diversification, bénéficient cette année d’investissements significatifs (portés notamment par deux nouvelles luges), tout comme le marketing. À l’inverse certains postes affichent un tassement des montants consacrés, qui laissent à penser que l’essentiel a été réalisé en la matière. Le moyen ou long terme confirmera, ou non, ces évolutions.
Bilan des investissements 2022 : une reprise confirmée par Atout France
Des efforts d’investissement confirmés.
En 2022, 380 M€ ont été investis sur les domaines skiables français. En hausse de 41,8 % par rapport à la saison précédente et supérieur de 17,1 % à la moyenne décennale, ce montant s’affiche comme le deuxième plus haut de la décennie.
En France, les exploitants ont ainsi réinvesti cette année 26,1 % de leur chiffre d’affaires hors taxes. Ces bons indicateurs confirment la reprise contrastée depuis la fin des contraintes sanitaires.
Remontées mécaniques neuves : la part consacrée au parc existant progresse.
Avec 161 M€ investis en faveur des remontées mécaniques neuves, ce poste constitue, comme souvent, le premier levier de dépenses, représentant 42,4 % des investissements globaux. Ce secteur est par ailleurs en progression de près de 16 % par rapport à la moyenne décennale.
Notons également la confirmation d’une tendance observée depuis plusieurs années : si les appareils neufs constituent encore le premier poste de dépenses, les domaines skiables orientent aujourd’hui proportionnellement davantage leurs efforts sur l’entretien et l’amélioration de remontées mécaniques existantes. Le poids des investissements destinés à l’entretien des remontées mécaniques installées est ainsi passé de 10 % à 15 % du total, alors que celui consacré aux remontées mécaniques neuves a, lui, progressivement baissé, passant de 47 % à 43 %. Les domaines skiables largement modernisés depuis vingt ans passent peu à peu d’une stratégie de développement à une stratégie de consolidation et d’amélioration qualitative en limitant ainsi leur empreinte physique sur les territoires.
2022, une année record pour les équipements de loisirs.
S’il y a bien un axe de développement qui fédère tous les massifs français, c’est celui des équipements de loisirs en diversification.
Cette année, ce sont ainsi près de 16 M€ qui ont été investis. Malgré le faible poids financier que représente toujours ce poste (4,2 % des investissements, pour des équipements moins coûteux que les remontées mécaniques), il constitue celui qui enregistre la plus forte progression sur la décennie passée. En 2022, les domaines skiables ont ainsi davantage investi dans les équipements de diversification que dans les travaux de pistes (11,4 M€), densifiant ainsi l’offre d’activités au profit d’une activité hivernale et estivale. On recense cette année 82 réalisations différentes, avec quelques projets significatifs par massif, témoins à la fois de la prise en compte des adaptations nécessaires aux évolutions sociétales – changements importants de comportements des clients dans leur consommation de vacances en termes d’activités, de moments de contemplation et de partage, de besoin de services, etc. – et également signes d’un besoin d’agilité dans les choix d’investissements des exploitants face au changement climatique et au bouleversement sanitaire.
Dans le Jura, la « Luge des Cimes » a été inaugurée à Métabief, et concentre d’ailleurs la majeure partie des investissements du massif. En Isère, c’est l’aménagement de la Croix de Chamrousse avec une tyrolienne et une passerelle himalayenne très aérienne qui sont cette année à l’honneur. De nombreux équipements ont pris place à Saint-Jean-d’Aulps, en Haute-Savoie, comme les engins de glisse et divers équipements ludiques. En Savoie, la station des Saisies vient d’ouvrir les portes du Parc aventure des Elfes, et a scénarisé sa luge 4 saisons, tandis que La Norma s’est également équipée d’une toute nouvelle luge sur rail. Dans les Alpes du Sud, les clients de Réallon profiteront d’un nouveau sentier ludique équipé de son belvédère panoramique. Le massif pyrénéen n’est pas en reste avec la tyrolienne sur la station de Peyragudes, directement implantée à l’arrivée du Skyvall.
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