Si la puissance des data recueillies sur les capteurs et engins pour mieux exploiter les domaines est admise, le partage et l’analyse sur plateforme unique, en progrès, demande encore des ajustements.
Chaque avancée technologique, souvent issue de l’industrie, est un coup de pouce pour faire mieux avec moins de ressource. « Le but à chaque fois est de réduire la consommation d’eau, de neige, d’énergie par la gestion raisonnée du damage par exemple, en se servant de lidars estimant l’épaisseur de neige, ou encore par l’utilisation de capteurs physiques ou visuels afin d’étalonner la production de neige », illustre Christophe Lavaut, directeur général de Val-d’Isère Tourisme. Et c’est l’agrégation de toutes les données sur une même plateforme, centralisant logiciels et applications, qui permet de coordonner et rechercher l’efficacité globale. La plateforme Resort Managament de Skadii qui centralise l’accès à toutes les applications de gestion du domaine, propose ainsi des briques métiers. « Les données des dameuses et enneigeurs sont remontées, ce qui sert aux tâches quotidiennes, à la gestion et à la maintenance pour celui qui pilote », explique Benjamin Meignaud, responsable commercial chez Skadii. Mais plus les informations remontées sont larges, plus elles sont une mine pour le manager. Ce qui induit aussi des data qui ne proviennent pas seulement de l’interne.
Ouvrir les plateformes
Le rêve de tout le monde, à des fins d’optimisation, est un » smart resort « , une station intégrée permettant un partage total des données. Une situation que la gouvernance en France ne permet pas vraiment. Mais des initiatives de mise en commun, d’abord dans les activités BtoC, prouvent que les mentalités changent. Ainsi, à Val d’Isère, le projet Val Data cherche à augmenter l’expérience client en mixant six bases de données.
» Depuis deux ans, nous partageons nos data avec quatre acteurs, dont une agence immobilière, une centrale de réservation et bientôt des parkings. Nous sommes passés de 50 000 à 400 000 contacts. Nous savons qu’un client a réservé dans tel appartement, a pris des forfaits enfants, ce qui déclenchera nos offres familles « ,
illustre Christophe Lavaut chez Val-d’Isère Tourisme, qui déclare que l’exercice a nécessité un an de discussions autour de la table.
Même si des acteurs privés concurrents sont toujours réticents, ils savent que la mise en commun des données est une voie de progression pour les stations qui ne peuvent plus autant aller chercher la clientèle aisée et lointaine, du fait des contraintes environnementales. Les mentalités du « chacun chez soi » reculent. » Nos systèmes surveillent, collectent, agrègent les informations de toutes sortes d’équipements propriétaires, que nous envoyons sur les panneaux et les interfaces « , décrit Pierre Mathieu, directeur associé d’Imagina International, entreprise de Saint-Ismier (38) qui fournit une solution ERP complète aux domaines. Chaque équipementier peut fournir en temps réel ses données, afin que l’information soit accessible au bon moment.
» Notre plateforme ne dialogue pas qu’avec des capteurs ou des process industriels. Elle est en mesure d’aller chercher des données dans tous les systèmes offrant une interface ouverte : Météo France, les fournisseurs d’énergie, les gestionnaires de billetteries et de contrôle d’accès… «
déclare ainsi Philippe Pellissier, directeur de SEIREL Automatismes, qui propose Dat’Mountain pour piloter les ressources des domaines skiables, grâce entre autres à une myriade de capteurs.
L’idée est admise que les outils d’analyse et d’IA seront à l’avenir d’autant plus efficaces que les données seront nombreuses. » Cette année, nous ouvrons la plateforme Resort Management à des tiers qui afficheront leurs données. Le client ne disposera que d’une interface avec les flux chiffrés, images des webcams… Skidata ou Météo France sont partenaires « , révèle aussi Benjamin Meignaud, responsable commercial chez Skadii.
Plus de vigilance et maturité
Les stations, de leur côté, sont plus averties que par le passé. « Elles exigent de ceux qui les fournissent en équipements de reprendre le contrôle de leurs données », constate Pierre Mathieu. Les exploitants de domaines ne sont donc plus seulement intéressés par le matériel mais par les données qui en émanent. La propriété des data est d’ailleurs devenue un prérequis dans les appels d’offres. Le « pétrole du XXIe siècle » va encore considérablement améliorer la gestion des domaines, des flux, de la sécurité ou encore de la relation client. Et la maturité grandit en montagne, en termes de propriété de données ou encore de RGPD.
« Chacun n’a évidemment pas connaissance des heures de travail du collègue ou de sa productivité. La gestion des droits d’accès est primordiale »,
illustre Pierre Mathieu.
Au sommaire de ce dossier :
- Internet des objets (IOT), logiciels et ERP,
- Billeterie et gestion des flux,
- Surveillance, capteurs et data,
- Cédric BONNEVIE, directeur de la régie des pistes de Val d’Isère,
- Alexandre BROUCHOUD, PDG d’Alpink.