Secours en montagne : Les animaux aussi

Le projet social de l’ESAM est de porter secours aux animaux en situation périlleuse en moyenne et haute montagne. Cela comprend tous les animaux, sauvages ou domestiques. l’ESAM n’effectue pas de recherches : pour être secouru l’animal doit être localisé et supposé vivant. La structure fonctionne grâce aux dons, qui lui permettent de financer les déplacements, son local et ses équipements.

Les circonstances de la naissance de l’Équipe de secours animalier en montagne rappelle celles des secours en montagne civils en 1958. « Deux chiens de chasse s’étaient embarrés dans le secteur du Grand Manti, en Chartreuse, et aucun secours ne voulait y aller, raconte Hugo Jeannet, vice-président de l’association et vétérinaire. Ils étaient coincés depuis une quinzaine de jours, quand la SPA a lancé un appel. Avec Arnaud, un compagnon de cordée, nous y sommes allés. » L’un des chiens décédera d’épuisement pendant le secours, effectué par deux alpinistes arrivés plus tôt. « S’il avait été secouru avant, il aurait survécu », regrettent-ils. Deux cordistes présents sur les lieux, Franck Friedrich et Julien Sikirdjii, partagent également leur déception. Ils découvrent qu’en Isère le PGHM et la CRS Alpes, qui assurent les secours en montagne, n’interviennent pas, ou rarement, pour les animaux. Dans d’autres départements les pompiers peuvent intervenir, mais ne trouvent pas toujours le temps.

« Quand personne n’y va »

À quatre, ils décident de fonder une équipe de secours bénévole pour animaux en montagne. « Le but n’est pas de prendre des missions des secours traditionnels, mais d’y aller quand personne n’y va ». Le PGHM entre immédiatement en contact avec le groupe pour leur transférer les appels concernant des sauvetages d’animaux. « Au début on pensait faire trois interventions par an », se souvient Hugo. Ils en feront 38 la première année. 80 % des opérations concernent des chiens, et la période d’activité se concentre sur l’automne (période de chasse) et l’été, mais les équipes sont aussi appelées pour des animaux sauvages ou d’élevage. « Nous avons secouru une biche qui se noyait dans le Monteynard, un renard, un lama, des chèvres et des vaches coincées par les premières neiges, énumère le vétérinaire, mais nous ne pouvons récupérer tout un troupeau bloqué sur une barre rocheuse ». Les secours sont gratuits, à l’image des secours humains. Seules les opérations qui mobilisent des moyens coûteux, comme un hélicoptère, sont à la charge du propriétaire, avec son accord. Pour répondre au besoin sur tout l’arc alpin, les secouristes auraient besoin d’être « plus nombreux et plus répartis ». À l’occasion du déménagement d’un de ses membres, l’ESAM va ouvrir une antenne dans les Pyrénées. 

26 Le nombre de secouristes bénévoles, principalement issus du milieu de la montagne ou du secourisme (ils sont cordistes, alpinistes, vétérinaires…). À leur recrutement, ils ont suivi une formation pour, notamment, approcher tous types d’animaux dans le contexte d’un sauvetage.

28 Le nombre d’animaux sauvés en 2021 sur 29 interventions. En 2020, 35 on été secourus sur 38 interventions.