Interview : Alexandre Maulin Président de Domaines Skiables de France

Fin de saison tronquée par obligation, relance touristique, perspectives d’avenir : l’actualité est chargée pour la chambre professionnelle des opérateurs de domaines skiables.

Le 15 mars, les domaines skiables français fermaient définitivement leurs portes pour l’hiver 2019-2020. Quel était le sentiment dominant chez vos confrères ?
Il y a eu de la frustration, car nous avons fermé alors même que nous disposions des plus belles conditions d’enneigement depuis le début de saison. Nous sortions d’une période de vacances scolaires qui n’avait pas été des plus simples, et nous avions de belles perspectives pour la fin de saison. Il y avait donc un peu de frustration chez beaucoup d’adhérents de DSF.

Interview : Alexandre Maulin Président de Domaines Skiables de France

Avez-vous pu préparer cette fermeture anticipée ?
Dans nos microcosmes de station, il était difficile d’évaluer la situation. Une semaine avant l’annonce, j’ai commencé à ressentir un bouillonnement. J’ai donc multiplié les questions auprès de contacts que nous pouvions avoir au sein du gouvernement. Lorsque le président a pris la parole le jeudi 12 mars, la question d’une fermeture des domaines n’était pas encore à l’ordre du jour. Avant l’intervention de notre Premier ministre le 14 mars, ce n’était toujours pas à l’ordre du jour. Notre but était d’essayer d’anticiper pour pouvoir nous organiser et préparer nos adhérents. Autant que faire se peut, nous souhaitions pouvoir raisonner de vendredi en vendredi afin de se caler sur le cycle de la clientèle. Au final nous avons mis 24 heures pour nous organiser, et nous ne nous sommes posé aucune question : notre objectif était de préserver les populations.

Outre la sécurité sanitaire, les stations ont également dû gérer la question de l’emploi.
Dans les heures et les jours qui ont suivi, cela a été notre seule priorité : clarifier les possibilités qui nous permettaient de préserver nos collaborateurs au travers de l’activité partielle, et notamment vis-à-vis du contrat Saisonnier, l’une de nos spécificités. Je tiens d’ailleurs à remercier l’écoute dont a fait preuve le ministère du Travail. Le directeur de cabinet a parfaitement pris en compte nos demandes et celles des représentants syndicaux. Et nous avons obtenu une réponse de principe dès le mardi suivant, ainsi qu’une rédaction précise et finale dans les jours suivants.
Nous avons ainsi permis aux sociétés d’avoir recours au chômage partiel.
Il faut cependant garder à l’esprit que certaines n’en avaient pas la capacité financière. On dit que 100 % sont remboursés par l’État : il s’agit de 100 % de la rémunération, il reste la charge des congés payés, les charges liées à la prévoyance, à la mutuelle… Ce n’est pas vierge d’impact financier pour les entreprises. Ceci étant, la grande majorité des exploitants qui étaient en capacité de maintenir leurs collaborateurs en activité partielle le plus longtemps possible l’ont fait.

Tout cela en faisant face à une baisse de chiffre d’affaires significative !
Nous faisons face à une baisse d’activité comprise entre 15 et 20 %, sur des variabilités très importantes. Nos adhérents qui terminent plus tôt leur saison, souvent des entreprises de plus petite taille, ont moins perdu que les très grands du secteur qui vont normalement jusqu’à début mai, avec de fortes périodes d’activité jusqu’en avril.

La montagne touristique a-t-elle une plus grande ambition pour la saison estivale à venir ?
Si une saison estivale se met en place – et il faudra pour cela une réouverture des commerces du CHR (cafés, hôtels et restaurants) – les Français vont majoritairement rester en France, et il existera un tourisme à l’échelle de l’Europe puisque les frontières de l’espace Schengen sont fermées. Donc la montagne estivale a une carte à jouer, mais il existe encore aujourd’hui trop d’incertitudes pour formuler une réponse précise.

Quelles pourraient être les pistes de la relance touristique ?
Il y a une vraie activité des ministères pour trouver des solutions et ne pas laisser tomber le soldat Tourisme, lui offrir un avenir. C’est appréciable et important.
Nous nous inscrivons au sein d’une chaîne de valeurs, il nous appartient de travailler ensemble pour préserver l’avenir de tout le monde.
Les domaines skiables n’existent pas sans hébergements, sans commerces ou sans services. Nous devons travailler de manière globale et réfléchie. Aujourd’hui, et encore plus que d’habitude, c’est en étant unis que nous serons plus forts. Nous n’avons ni le temps, ni le luxe de pouvoir travailler individuellement.

Certaines destinations ont-elles connu l’arrivée massive de résidents secondaires dans la perspective du confinement ?
Il y a des avis divergents sur cette question, selon les sources.
Il est évident qu’à l’échelle d’un village comptant 200 habitants, tout nouvel arrivant est rapidement remarqué ; si effectivement 10 ou 20 personnes sont arrivées dans cette station, cela peut donner l’impression d’une arrivée « massive ».
Environ un million de personnes ont quitté la zone urbaine de la Capitale : il est difficile de savoir s’ils sont venus en montagne ou non.

Après la fermeture des domaines le 15 mars, les conditions étaient réunies : neige et soleil. Comment avez-vous sécurisé vos espaces vis-à-vis des pratiquants de ski ou des confinés à la recherche d’espace pour leur activité physique quotidienne ?
Dans un premier temps, le temps du démontage, nous avons pris des mesures interdisant l’activité de ski de randonnée sur les pistes. Beaucoup de véhicules circulaient sur les domaines pour ranger du matériel, parfois de manière assez pressée, il ne fallait pas que cela puisse être une source d’accidents.
Pour ce qui relève du confinement, cela dépend des territoires et des actes administratifs arrêtés localement. Le préfet de la Savoie, que je sais être un grand passionné de randonnée, a ainsi vite pris un arrêté interdisant l’accès à la montagne.

Vous dirigez plusieurs sociétés de remontées mécaniques : quel est actuellement le quotidien d’un opérateur de domaine skiable ?
Nous aurions dû terminer au 17 avril. Aujourd’hui, comme beaucoup, je travaille depuis mon domicile, 30 à 40 % sur des sujets propres à l’entreprise : établir un compte financier, arbitrer des investissements et certaines opérations d’entretien d’été, permettre aux équipes de préparer les remboursements pour les clients…
Nous allons tous travailler sur la mise en place de mesures sanitaires pour permettre la réalisation de la maintenance d’intersaison : nous travaillons actuellement à l’élaboration et à la validation d’un guide de reprise d’activités en ce sens.
L’organisation de l’activité estivale est également prépondérante, pour les destinations qui en ont une.
La présidence de DSF est également une activité importante puisque le cadre législatif évolue très vite, la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain.

Entre travaux et maintenance, les domaines sont rarement à l’arrêt. Avec le confinement, ces plannings se trouvent perturbés. Parvenez-vous à anticiper l’après-confinement ?
On essaie de fournir les bons éléments à nos adhérents dans l’attente de la reprise complète d’activité.
Le confinement a parfois été assimilé à une interdiction de travailler ; aujourd’hui, il n’y a pas d’interdiction de travailler en France. Dans notre cas, l’exercice de notre activité était impossible puisque l’exploitation des domaines était interdite. Mais Aujourd’hui nous travaillons sur les pistes de reprise et d’adaptation pour être prêts lorsque nous pourrons redémarrer, et ce en garantissant la sécurité des collaborateurs au sein des entreprises.

Le salon Mountain Planet aurait dû permettre à DSF d’annoncer la suite de vos démarches en faveur de l’environnement. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Aujourd’hui, malheureusement, nous avons d’autres urgences. La gestion et l’adaptation à la situation liée au Covid occupent 99 % de notre temps.
La question environnementale reste un chantier prioritaire pour nous, mais l’actualité est la reprise d’activités dès que possible, dans les meilleures conditions possibles.

La tenue de votre congrès en octobre risque-t-elle d’être remise en cause ou adaptée ?
Nous devons avancer sur ce dossier car le temps passe vite. Aucune décision n’est prise pour l’heure. Nous allons essayer d’anticiper par rapport aux évènements qui auront le droit de se tenir à cette période.
Mais ce temps d’échanges est important pour les exploitants, car il permet d’aborder des sujets spécifiques à la profession.
propos recueillis par MICKAEL FROTTIER

Le 15 mars, les domaines skiables français fermaient définitivement leurs portes pour l’hiver 2019-2020. Quel était le sentiment dominant chez vos confrères ?
Il y a eu de la frustration, car nous avons fermé alors même que nous disposions des plus belles conditions d’enneigement depuis le début de saison. Nous sortions d’une période de vacances scolaires qui n’avait pas été des plus simples, et nous avions de belles perspectives pour la fin de saison. Il y avait donc un peu de frustration chez beaucoup d’adhérents de DSF.

Interview : Alexandre Maulin Président de Domaines Skiables de France

Avez-vous pu préparer cette fermeture anticipée ?
Dans nos microcosmes de station, il était difficile d’évaluer la situation. Une semaine avant l’annonce, j’ai commencé à ressentir un bouillonnement. J’ai donc multiplié les questions auprès de contacts que nous pouvions avoir au sein du gouvernement. Lorsque le président a pris la parole le jeudi 12 mars, la question d’une fermeture des domaines n’était pas encore à l’ordre du jour. Avant l’intervention de notre Premier ministre le 14 mars, ce n’était toujours pas à l’ordre du jour. Notre but était d’essayer d’anticiper pour pouvoir nous organiser et préparer nos adhérents. Autant que faire se peut, nous souhaitions pouvoir raisonner de vendredi en vendredi afin de se caler sur le cycle de la clientèle. Au final nous avons mis 24 heures pour nous organiser, et nous ne nous sommes posé aucune question : notre objectif était de préserver les populations.

Outre la sécurité sanitaire, les stations ont également dû gérer la question de l’emploi.
Dans les heures et les jours qui ont suivi, cela a été notre seule priorité : clarifier les possibilités qui nous permettaient de préserver nos collaborateurs au travers de l’activité partielle, et notamment vis-à-vis du contrat Saisonnier, l’une de nos spécificités. Je tiens d’ailleurs à remercier l’écoute dont a fait preuve le ministère du Travail. Le directeur de cabinet a parfaitement pris en compte nos demandes et celles des représentants syndicaux. Et nous avons obtenu une réponse de principe dès le mardi suivant, ainsi qu’une rédaction précise et finale dans les jours suivants.
Nous avons ainsi permis aux sociétés d’avoir recours au chômage partiel.
Il faut cependant garder à l’esprit que certaines n’en avaient pas la capacité financière. On dit que 100 % sont remboursés par l’État : il s’agit de 100 % de la rémunération, il reste la charge des congés payés, les charges liées à la prévoyance, à la mutuelle… Ce n’est pas vierge d’impact financier pour les entreprises. Ceci étant, la grande majorité des exploitants qui étaient en capacité de maintenir leurs collaborateurs en activité partielle le plus longtemps possible l’ont fait.

Tout cela en faisant face à une baisse de chiffre d’affaires significative !
Nous faisons face à une baisse d’activité comprise entre 15 et 20 %, sur des variabilités très importantes. Nos adhérents qui terminent plus tôt leur saison, souvent des entreprises de plus petite taille, ont moins perdu que les très grands du secteur qui vont normalement jusqu’à début mai, avec de fortes périodes d’activité jusqu’en avril.

La montagne touristique a-t-elle une plus grande ambition pour la saison estivale à venir ?
Si une saison estivale se met en place – et il faudra pour cela une réouverture des commerces du CHR (cafés, hôtels et restaurants) – les Français vont majoritairement rester en France, et il existera un tourisme à l’échelle de l’Europe puisque les frontières de l’espace Schengen sont fermées. Donc la montagne estivale a une carte à jouer, mais il existe encore aujourd’hui trop d’incertitudes pour formuler une réponse précise.

Quelles pourraient être les pistes de la relance touristique ?
Il y a une vraie activité des ministères pour trouver des solutions et ne pas laisser tomber le soldat Tourisme, lui offrir un avenir. C’est appréciable et important.
Nous nous inscrivons au sein d’une chaîne de valeurs, il nous appartient de travailler ensemble pour préserver l’avenir de tout le monde.
Les domaines skiables n’existent pas sans hébergements, sans commerces ou sans services. Nous devons travailler de manière globale et réfléchie. Aujourd’hui, et encore plus que d’habitude, c’est en étant unis que nous serons plus forts. Nous n’avons ni le temps, ni le luxe de pouvoir travailler individuellement.

Certaines destinations ont-elles connu l’arrivée massive de résidents secondaires dans la perspective du confinement ?
Il y a des avis divergents sur cette question, selon les sources.
Il est évident qu’à l’échelle d’un village comptant 200 habitants, tout nouvel arrivant est rapidement remarqué ; si effectivement 10 ou 20 personnes sont arrivées dans cette station, cela peut donner l’impression d’une arrivée « massive ».
Environ un million de personnes ont quitté la zone urbaine de la Capitale : il est difficile de savoir s’ils sont venus en montagne ou non.

Après la fermeture des domaines le 15 mars, les conditions étaient réunies : neige et soleil. Comment avez-vous sécurisé vos espaces vis-à-vis des pratiquants de ski ou des confinés à la recherche d’espace pour leur activité physique quotidienne ?
Dans un premier temps, le temps du démontage, nous avons pris des mesures interdisant l’activité de ski de randonnée sur les pistes. Beaucoup de véhicules circulaient sur les domaines pour ranger du matériel, parfois de manière assez pressée, il ne fallait pas que cela puisse être une source d’accidents.
Pour ce qui relève du confinement, cela dépend des territoires et des actes administratifs arrêtés localement. Le préfet de la Savoie, que je sais être un grand passionné de randonnée, a ainsi vite pris un arrêté interdisant l’accès à la montagne.

Vous dirigez plusieurs sociétés de remontées mécaniques : quel est actuellement le quotidien d’un opérateur de domaine skiable ?
Nous aurions dû terminer au 17 avril. Aujourd’hui, comme beaucoup, je travaille depuis mon domicile, 30 à 40 % sur des sujets propres à l’entreprise : établir un compte financier, arbitrer des investissements et certaines opérations d’entretien d’été, permettre aux équipes de préparer les remboursements pour les clients…
Nous allons tous travailler sur la mise en place de mesures sanitaires pour permettre la réalisation de la maintenance d’intersaison : nous travaillons actuellement à l’élaboration et à la validation d’un guide de reprise d’activités en ce sens.
L’organisation de l’activité estivale est également prépondérante, pour les destinations qui en ont une.
La présidence de DSF est également une activité importante puisque le cadre législatif évolue très vite, la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain.

Entre travaux et maintenance, les domaines sont rarement à l’arrêt. Avec le confinement, ces plannings se trouvent perturbés. Parvenez-vous à anticiper l’après-confinement ?
On essaie de fournir les bons éléments à nos adhérents dans l’attente de la reprise complète d’activité.
Le confinement a parfois été assimilé à une interdiction de travailler ; aujourd’hui, il n’y a pas d’interdiction de travailler en France. Dans notre cas, l’exercice de notre activité était impossible puisque l’exploitation des domaines était interdite. Mais Aujourd’hui nous travaillons sur les pistes de reprise et d’adaptation pour être prêts lorsque nous pourrons redémarrer, et ce en garantissant la sécurité des collaborateurs au sein des entreprises.

Le salon Mountain Planet aurait dû permettre à DSF d’annoncer la suite de vos démarches en faveur de l’environnement. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Aujourd’hui, malheureusement, nous avons d’autres urgences. La gestion et l’adaptation à la situation liée au Covid occupent 99 % de notre temps.
La question environnementale reste un chantier prioritaire pour nous, mais l’actualité est la reprise d’activités dès que possible, dans les meilleures conditions possibles.

La tenue de votre congrès en octobre risque-t-elle d’être remise en cause ou adaptée ?
Nous devons avancer sur ce dossier car le temps passe vite. Aucune décision n’est prise pour l’heure. Nous allons essayer d’anticiper par rapport aux évènements qui auront le droit de se tenir à cette période.
Mais ce temps d’échanges est important pour les exploitants, car il permet d’aborder des sujets spécifiques à la profession.
propos recueillis par MICKAEL FROTTIER

Le 15 mars, les domaines skiables français fermaient définitivement leurs portes pour l’hiver 2019-2020. Quel était le sentiment dominant chez vos confrères ?
Il y a eu de la frustration, car nous avons fermé alors même que nous disposions des plus belles conditions d’enneigement depuis le début de saison. Nous sortions d’une période de vacances scolaires qui n’avait pas été des plus simples, et nous avions de belles perspectives pour la fin de saison. Il y avait donc un peu de frustration chez beaucoup d’adhérents de DSF.

Interview : Alexandre Maulin Président de Domaines Skiables de France

Avez-vous pu préparer cette fermeture anticipée ?
Dans nos microcosmes de station, il était difficile d’évaluer la situation. Une semaine avant l’annonce, j’ai commencé à ressentir un bouillonnement. J’ai donc multiplié les questions auprès de contacts que nous pouvions avoir au sein du gouvernement. Lorsque le président a pris la parole le jeudi 12 mars, la question d’une fermeture des domaines n’était pas encore à l’ordre du jour. Avant l’intervention de notre Premier ministre le 14 mars, ce n’était toujours pas à l’ordre du jour. Notre but était d’essayer d’anticiper pour pouvoir nous organiser et préparer nos adhérents. Autant que faire se peut, nous souhaitions pouvoir raisonner de vendredi en vendredi afin de se caler sur le cycle de la clientèle. Au final nous avons mis 24 heures pour nous organiser, et nous ne nous sommes posé aucune question : notre objectif était de préserver les populations.

Outre la sécurité sanitaire, les stations ont également dû gérer la question de l’emploi.
Dans les heures et les jours qui ont suivi, cela a été notre seule priorité : clarifier les possibilités qui nous permettaient de préserver nos collaborateurs au travers de l’activité partielle, et notamment vis-à-vis du contrat Saisonnier, l’une de nos spécificités. Je tiens d’ailleurs à remercier l’écoute dont a fait preuve le ministère du Travail. Le directeur de cabinet a parfaitement pris en compte nos demandes et celles des représentants syndicaux. Et nous avons obtenu une réponse de principe dès le mardi suivant, ainsi qu’une rédaction précise et finale dans les jours suivants.
Nous avons ainsi permis aux sociétés d’avoir recours au chômage partiel.
Il faut cependant garder à l’esprit que certaines n’en avaient pas la capacité financière. On dit que 100 % sont remboursés par l’État : il s’agit de 100 % de la rémunération, il reste la charge des congés payés, les charges liées à la prévoyance, à la mutuelle… Ce n’est pas vierge d’impact financier pour les entreprises. Ceci étant, la grande majorité des exploitants qui étaient en capacité de maintenir leurs collaborateurs en activité partielle le plus longtemps possible l’ont fait.

Tout cela en faisant face à une baisse de chiffre d’affaires significative !
Nous faisons face à une baisse d’activité comprise entre 15 et 20 %, sur des variabilités très importantes. Nos adhérents qui terminent plus tôt leur saison, souvent des entreprises de plus petite taille, ont moins perdu que les très grands du secteur qui vont normalement jusqu’à début mai, avec de fortes périodes d’activité jusqu’en avril.

La montagne touristique a-t-elle une plus grande ambition pour la saison estivale à venir ?
Si une saison estivale se met en place – et il faudra pour cela une réouverture des commerces du CHR (cafés, hôtels et restaurants) – les Français vont majoritairement rester en France, et il existera un tourisme à l’échelle de l’Europe puisque les frontières de l’espace Schengen sont fermées. Donc la montagne estivale a une carte à jouer, mais il existe encore aujourd’hui trop d’incertitudes pour formuler une réponse précise.

Quelles pourraient être les pistes de la relance touristique ?
Il y a une vraie activité des ministères pour trouver des solutions et ne pas laisser tomber le soldat Tourisme, lui offrir un avenir. C’est appréciable et important.
Nous nous inscrivons au sein d’une chaîne de valeurs, il nous appartient de travailler ensemble pour préserver l’avenir de tout le monde.
Les domaines skiables n’existent pas sans hébergements, sans commerces ou sans services. Nous devons travailler de manière globale et réfléchie. Aujourd’hui, et encore plus que d’habitude, c’est en étant unis que nous serons plus forts. Nous n’avons ni le temps, ni le luxe de pouvoir travailler individuellement.

Certaines destinations ont-elles connu l’arrivée massive de résidents secondaires dans la perspective du confinement ?
Il y a des avis divergents sur cette question, selon les sources.
Il est évident qu’à l’échelle d’un village comptant 200 habitants, tout nouvel arrivant est rapidement remarqué ; si effectivement 10 ou 20 personnes sont arrivées dans cette station, cela peut donner l’impression d’une arrivée « massive ».
Environ un million de personnes ont quitté la zone urbaine de la Capitale : il est difficile de savoir s’ils sont venus en montagne ou non.

Après la fermeture des domaines le 15 mars, les conditions étaient réunies : neige et soleil. Comment avez-vous sécurisé vos espaces vis-à-vis des pratiquants de ski ou des confinés à la recherche d’espace pour leur activité physique quotidienne ?
Dans un premier temps, le temps du démontage, nous avons pris des mesures interdisant l’activité de ski de randonnée sur les pistes. Beaucoup de véhicules circulaient sur les domaines pour ranger du matériel, parfois de manière assez pressée, il ne fallait pas que cela puisse être une source d’accidents.
Pour ce qui relève du confinement, cela dépend des territoires et des actes administratifs arrêtés localement. Le préfet de la Savoie, que je sais être un grand passionné de randonnée, a ainsi vite pris un arrêté interdisant l’accès à la montagne.

Vous dirigez plusieurs sociétés de remontées mécaniques : quel est actuellement le quotidien d’un opérateur de domaine skiable ?
Nous aurions dû terminer au 17 avril. Aujourd’hui, comme beaucoup, je travaille depuis mon domicile, 30 à 40 % sur des sujets propres à l’entreprise : établir un compte financier, arbitrer des investissements et certaines opérations d’entretien d’été, permettre aux équipes de préparer les remboursements pour les clients…
Nous allons tous travailler sur la mise en place de mesures sanitaires pour permettre la réalisation de la maintenance d’intersaison : nous travaillons actuellement à l’élaboration et à la validation d’un guide de reprise d’activités en ce sens.
L’organisation de l’activité estivale est également prépondérante, pour les destinations qui en ont une.
La présidence de DSF est également une activité importante puisque le cadre législatif évolue très vite, la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain.

Entre travaux et maintenance, les domaines sont rarement à l’arrêt. Avec le confinement, ces plannings se trouvent perturbés. Parvenez-vous à anticiper l’après-confinement ?
On essaie de fournir les bons éléments à nos adhérents dans l’attente de la reprise complète d’activité.
Le confinement a parfois été assimilé à une interdiction de travailler ; aujourd’hui, il n’y a pas d’interdiction de travailler en France. Dans notre cas, l’exercice de notre activité était impossible puisque l’exploitation des domaines était interdite. Mais Aujourd’hui nous travaillons sur les pistes de reprise et d’adaptation pour être prêts lorsque nous pourrons redémarrer, et ce en garantissant la sécurité des collaborateurs au sein des entreprises.

Le salon Mountain Planet aurait dû permettre à DSF d’annoncer la suite de vos démarches en faveur de l’environnement. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Aujourd’hui, malheureusement, nous avons d’autres urgences. La gestion et l’adaptation à la situation liée au Covid occupent 99 % de notre temps.
La question environnementale reste un chantier prioritaire pour nous, mais l’actualité est la reprise d’activités dès que possible, dans les meilleures conditions possibles.

La tenue de votre congrès en octobre risque-t-elle d’être remise en cause ou adaptée ?
Nous devons avancer sur ce dossier car le temps passe vite. Aucune décision n’est prise pour l’heure. Nous allons essayer d’anticiper par rapport aux évènements qui auront le droit de se tenir à cette période.
Mais ce temps d’échanges est important pour les exploitants, car il permet d’aborder des sujets spécifiques à la profession.
propos recueillis par MICKAEL FROTTIER