Le président de la Fédération Française de ski revient sur la fin de saison tronquée et les changements à venir dans le ski.
Admiratif. À la tête de la Fédération française de ski (FFS) depuis dix ans, Michel Vion a eu l’occasion de vivre au plus près les exploits de Martin Fourcade ponctués de 5 titres olympiques, 13 titres mondiaux et 8 gros globes de cristal. « À la suite de ses succès, j’avais pour habitude de lui envoyer un message « avec toute mon admiration » car au-delà des performances sportives, l’homme est remarquable. C’était le meilleur ambassadeur du ski français, car Martin a eu dix années de performances incroyables à un rythme très soutenu, » confie Michel Vion. Si la fin de carrière de Fourcade avait été anticipée, elle reste un choc. « Il faisait partie des meubles mais c’est la vie, et un nouveau cycle qui va démarrer. Ce qui est rassurant c’est qu’il laisse derrière lui une formidable équipe de France ». Avec Quentin Fillon-Maillet ou Émilien Jacquelin, le patron du ski français devrait pouvoir encore se montrer élogieux l’hiver prochain.
Optimiste. La fin de saison de Coupe du monde tronquée par l’épidémie de Covid-19 aura eu raison des rêves de gros globe d’Alexis Pinturault. Il faudra patienter au moins jusqu’à l’année prochaine pour trouver un successeur à Luc Alphand, lauréat en 1997. « On est tous frustré que la saison ne soit pas allée au bout. Au moment où tout s’arrête, les moments où les points se sont envolés reviennent facilement même si en tant que dirigeant c’est facile à dire. Certes Alexis avait les cartes en mains pour plier l’affaire plus tôt, mais avec six victoires dans trois disciplines différentes, il a réalisé une grande saison et je suis persuadé qu’il sera au rendez-vous en mars prochain pour soulever ce gros globe ». Alors qu’une frustration légitime pourrait prédominer, il préfère retenir le positif, sa fierté devant les résultats de Pinturault, Noël ou Laffont. Car avec 110 podiums, soit le deuxième meilleur bilan après 2018 (132), les motifs de satisfaction sont légion.
Tourné vers l’avenir. Gouverner c’est prévoir. Une maxime qui colle bien au personnage. Dérèglement climatique, enneigement aléatoire selon les stations et les pays, le ski plus que d’autres sports doit répondre face à ces problématiques. « Nous sommes à un virage important, en transition sur à peu près tous les niveaux. L’aspect climatique nous pousse à travailler sur de multiples solutions pour trouver la neige à la bonne période. Le contexte actuel ne joue pas en faveur de notre sport », analyse-t-il. À l’évidence, Michel Vion est dans l’anticipation compte tenu de ces paramètres extérieurs qui poussent le monde du ski à enclencher une mutation tant économique que sur la gouvernance. « Le maître mot c’est s’adapter. Il nous faut repenser collectivement notre approche. D’abord en organisant les saisons autrement, avec un début en décembre, puis en imaginant d’autres formules de compétitions. »