Se lancer dans un projet de snowfarming semble très simple de prime abord, mais il ne s’agit pas seulement de constituer un gros tas de neige, comme vous pourrez le voir en parcourant les étapes suivantes. Avant toute chose, il faut essayer de définir quel est le but du projet, de combien de neige on veut disposer et quand, de quel matériel et de combien de personnels on dispose et sur quel budget on peut compter (on peut évaluer aussi les recettes possibles). Il n’y a pas une solution universelle. Il faut trouver celle qui répond le mieux à chaque situation particulière.
1 Estimation du coût et de la rentabilité
L’opération sera de toute façon coûteuse, donc il faut réussir à déterminer si elle sera rentable. Cette rentabilité sera rarement financière. Elle tiendra plutôt compte de ce qu’apporte le snowfarming : la possibilité de préparer une piste de ski même si les conditions naturelles empêchent tout enneigement naturel et toute production de neige de culture. Au bout du compte, la dernière question sera : le jeu en vaut-il la chandelle ? Si, par exemple, c’est pour assurer la tenue d’un grand évènement sportif qui participe à la notoriété de la station, on pourra estimer que c’est le cas. D’autant que cela peut permettre de garantir des contrats importants avec des partenaires.
Souvent, le snowfarming est utilisé pour permettre à des athlètes — en général de niveau international — de s’entraîner avant le début de la saison de compétition. Dans ce cas, le bénéfice recherché n’est pas financier.
À l’heure actuelle, il est difficile de se faire une idée précise des coûts réels, car les opérateurs n’incluent pas tous les mêmes données dans leur prix de revient. Au centre national de ski nordique de Prémanon, par exemple, le directeur-adjoint Nicolas Michaud estime qu’un mètre cube de neige de réserve lui revient à « entre 2 et 3 euros ». Mais à Davos, en Suisse, en 2016, les responsables ont mesuré que le prix de revient de leurs quelque 15 000 m3 de neige produits, stockés puis étalés sur une piste de 4 km se situait entre 8 et 10 euros le mètre cube. Et encore, sans intégrer certaines dépenses structurelles amorties par ailleurs. La longueur de la piste (exceptionellement longue à Davos pour une telle pratique) joue certainement pour beaucoup dans ce grand écart car, tout le monde s’accorde sur ce point, c’est l’épandage de la neige qui coûte le plus cher. À Davos, on a
calculé qu’il représentait plus des deux tiers du prix de revient final ! (Voir graphique page ci-contre)
Donc, même si l’on raisonne à long terme, en prenant en compte le fait que les investissements sont relativement importants au début, mais qu’ensuite certaines dépenses vont être très réduites (achat de matériel et de matériau, aménagement du site de stockage…), c’est le poste budgétaire le plus important qui restera le plus incompressible.
2 Choix de l’emplacement
Il résulte logiquement du chapitre précédent que l’emplacement idéal pour stocker la neige est celui qui sera le plus proche de l’endroit où elle sera utilisée, afin de limiter les heures d’engins de manutention. Idéalement, il faut un endroit peu ensoleillé, à l’abri du vent (surtout si l’on utilise de la sciure en couverture, pour éviter qu’elle ne s’envole en trop grande quantité). Il faut aussi que l’endroit soit accessible facilement et praticable pour des dameuses et des camions et qu’il soit relié au réseau de neige de culture afin de pouvoir produire la neige sur place. Le terrain doit être plat et très légèrement en pente (pour le drainage). Il doit être ferme et sec, surtout pas inondable lors de la fonte des neiges ou de fortes pluies.
Enfin, il faut veiller à ce que ce stockage de neige ne pose pas de problème vis-à-vis du tourisme d’été, de l’activité agricole, de la protection de l’environnement ou des sources d’eau potable.
Il n’est pas évident de trouver un emplacement répondant bien à la plupart de ces conditions (d’autant qu’il faut une surface de 2 000 m2 (70 m X 30 m) ou plus, selon la quantité de neige qu’on veut stocker). C’est la deuxième cause que mettent en avant les exploitants qui ne font pas de snowfarming, après la rentabilité.
Au Grand Bornand, on a trouvé un bon terrain, mais à quinze bonnes minutes de camion du stade de biathlon. « De toute façon, s’il y a de la neige, il faudra faire les mêmes rotations de camions pour déneiger les routes », plaide Jean Bourcet, le directeur de la station, pour éluder les objections qu’on pourrait lui faire sur l’impact environnemental d’une telle situation.
3 Aménagement de l’emplacement
4 Constitution du tas
5 Couverture
A) Choix de la couverture
B) Technique de couverture
C) Quand couvrir
6 Stockage et entretien
7 Découvrement
A) Quand découvrir
B) Technique de découvrement
C) Entreposage de la couverture
8 Épandage
Retrouvez l’article complet dans le numéro 271 de Montagne Leaders en kiosque, ou en le commandant en ligne.