Val Thorens : un monde de pionniers

Plus haute station d’Europe, Val Thorens porte, dans son ADN, l’innovation et la démesure. C’est là que sont nés le funitel et les télésièges à double embarquement. Ses pionniers ont le sentiment d’avoir participé à une aventure extraordinaire. Et pour cause : elle n’a pas été facile !

« C’est impossible de vivre là-haut. Même les vaches n’y vont pas ! » Voilà le genre de réflexion qu’on entendait dans les villages de la vallée des Belleville, lorsque Pierre Schnebelen s’est mis en tête d’aller créer, à Val Thorens, « la station de ski la plus haute d’Europe ». En cette année 1969, ce jeune ingénieur des Arts et Métiers était une sorte de Bernard Tapie de l’époque. En tant que promoteur immobilier, il venait de réussir le lancement de la station de Tignes en promouvant le concept « Du ski 365 jours par an ». Et il rêvait de le reproduire à Val Thorens en encore plus grand. Il prévoyait notamment la construction d’un funiculaire, le Skirail, pour rejoindre directement le col de Thorens, à 3 000 m d’altitude. L’appareil aurait emprunté un viaduc de 3 500 m de long ! Pour mener à bien son projet de station pharaonique, Pierre Schnebelen l’a confié à un autre jeune gadzart, Pierre Josserand. Depuis son bureau parisien, puis de Tignes, celui-ci s’est démené pour trouver des fonds, faire avancer les études et obtenir les autorisations nécessaires. Mais rien n’aurait sans doute été possible sans l’appui décisif de Joseph Fontanet, maire de Saint-Martin-de-Belleville et, surtout, président du conseil général de la Savoie. C’est lui qui avait contacté Schnebelen en 1968, suite au désengagement de la Caisse des Dépôts et Consignations aux Menuires ; c’est grâce à lui qu’une route a été construite en 1970 jusqu’au site de la future station ; et c’est par un accord qu’il a signé avec la banque La Hénin que Pierre Josserand a hérité d’un budget de 1,7 million de francs pour construire de premières remontées mécaniques. Cela s’est matérialisé par trois téléskis construits littéralement au milieu de nulle part, dont l’un qui faisait la montée du Fond, jusqu’à 3 000 m d’altitude. Ils ont été mis en service le 18 décembre 1971, mais ce n’est que durant l’été suivant que sont sortis de terre les premiers bâtiments de la station, suivant le plan d’urbanisme conçu par l’architecte Jean-Claude Bernard. Il s’agissait de résidences secondaires et d’un centre commercial. Jean Béranger, le célèbre directeur des équipes de France de ski qui avaient brillé aux JO de Grenoble, a été engagé comme directeur de l’école de ski et de l’office du tourisme, et il a fait venir dans son sillage sa belle-sœur, Marielle Goitschel, pour s’occuper des
relations presse. La machine était lancée. Val Thorens a été inaugurée officiellement en 1973. Mais les débuts ont été difficiles. La station ne se développait pas aussi vite que l’avaient laissé espérer les brochures promotionnelles de Schnebelen et Josserand. Il faudra la construction du téléphérique de la Cime-Caron en 1982, « le plus grand du monde » à l’époque, pour que « Val Tho’» devienne une station internationale. Aujourd’hui, à la veille de ses 50 ans, elle s’apprête à vivre un nouveau tournant avec la liaison par câble jusqu’à Orelle, encore via la cime Caron.

Découvrez cette « Statioscopie » en intégralité dans l'édition n°278 de Montagne Leaders.
Les autres articles de la « Statioscopie » :    
- Infographie : Les chiffres de la station.
- « Faire de la cime Caron une attraction quatre-saisons », interview de Jérôme Grellet, directeur général de la Setam.
- « Ici, il y a une vraie unité pour défendre la destination », interview de Vincent Lalanne, directeur de l’office de tourisme de Val Thorens.