Interview de Thierry Gamot : Président de Nordic France

Le nordique se cherche un modèle économique

Le nombre de stations de ski nordique en France est passé de 400 dans les années 1980 à 200 aujourd’hui. Certes, le ski de fond a connu un reflux dans les années 1990, mais cela n’explique pas tout. Certaines petites stations de basse altitude ont fermé à cause d’un enneigement de plus en plus aléatoire. Mais, surtout, beaucoup ont remisé les skis parce que les communes n’avaient plus les moyens, ou la volonté, de combler leur déficit chronique de fonctionnement. Depuis quelques années, les activités nordiques jouissent d’une nouvelle popularité, mais ce problème économique demeure. Nordic France a décidé de s’y attaquer. Son président Thierry Gamot, maire délégué d’Autrans (38), une des plus grandes stations nordiques françaises, fait le point sur la situation.

Montagne Leaders : Quel bilan tirez-vous de la saison hivernale qui vient de s’achever ?
Thierry Gamot : C’est la deuxième meilleure saison en termes de chiffre d’affaires depuis la mise en place de la redevance en 1985. Nous avons récolté plus de 11 M€ de redevance. C’est 3% de moins que l’an dernier car 2017-2018 fut une saison exceptionnelle, mais cela représente tout de même une augmentation de 15% par rapport à la moyenne des quatre dernières années. Et encore, ces chiffres ne concernent que le ski de fond puisque c’est pratiquement la seule activité soumise à la redevance. Mais on ne parle plus seulement de ski de fond, aujourd’hui, lorsqu’on évoque nos stations, on parle d’activités nordiques. Le nombre de pratiquants de raquettes a dépassé celui des fondeurs. Et, cet hiver, l’activité chiens de traîneaux a généré un important chiffre d’affaires.
Montagne Leaders : Comment expliquez-vous cette embellie après des années de baisse de la pratique nordique ?
Thierry Gamot : C’est le fruit d’un long travail que nous menons en partenariat avec France Montagnes depuis des années pour changer l’image de la discipline. À un moment, le ski de fond souffrait d’une double image négative et paradoxale. D’un côté, le classique était vu comme une pratique vieillotte, et, d’un autre côté, au contraire, le skating était considéré comme quelque chose de beaucoup trop sportif !
Nous avons mis en place un label Nordic France pour pousser l’image et le niveau des prestations offertes dans les stations. Il s’appuie sur quatre critères : la qualité des pistes, le nombre de services proposés, l’attention portée au développement durable et la diversité des activités. Nous avons également fait passer le message que l’apprentissage devait être plus ludique.
Cela dit, nous bénéficions de phénomènes dont nous ne sommes pas responsables : l’engouement pour le biathlon, depuis que les exploits de nos champions sont retransmis en clair sur la chaîne L’Équipe, et, surtout, le fait que nos activités s’inscrivent parfaitement dans les tendances sociétales actuelles. Les valeurs du nordique correspondent à celles qui ont le vent en poupe en ce moment : la santé, le bien-être, la nature… Nos stations apparaissent comme des anti-usines à ski.
Montagne Leaders : Comment cela se traduit-il concrètement ?
Thierry Gamot : Depuis deux ans, on voit arriver des gens de 30/40 ans que l’on ne voyait plus. La moyenne d’âge de nos pratiquants était plutôt montée entre 50 et 55 ans….

Retrouvez l’intégralité de cette interview dans l’édition N°273 de Montagne Leaders