Les stations sous le choc !

Mardi soir, lors de son allocution télévisée, le président de la République a annoncé que les stations de ski n’ouvriront pas pour les vacances de Noël. Un véritable coup dur pour tous les acteurs de la montagne qui travaillent depuis des semaines pour accueillir les skieurs dès décembre.

« Il me semble toutefois impossible d’envisager une ouverture pour les fêtes et bien préférable d’envisager une réouverture courant janvier dans de meilleures conditions », a déclaré Emmanuel Macron hier dans son allocution. En une phrase, le président de la République a balayé tous les espoirs des acteurs de la montagne de pouvoir ouvrir leurs domaines skiables dans les jours à venir, et surtout pour les vacances de Noël. Reçus lundi par le Premier Ministre Jean Castex, ainsi que plusieurs de ses ministres, Bruno Le Maire (Économie et finances), Elisabeth Borne (Travail), et secrétaires d’État, Jean-Baptiste Lemoyne (Tourisme), Joël Giraud (Ruralité), Roxana Maracineanu (Sports), les instances de la montagne s’attendaient à une décision sur l’ouverture des stations entre le 5 et le 10 décembre. Hier, soir, ils ont été cueillis à froid. À l’uninamité, ils dénoncent une décision incompréhensible et font part de leur colère. 

Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France « C’est la douche froide ! On se demande comment, alors que l’on avait une réunion la veille avec le Premier ministre qui nous a dit qu’on aurait une réponse sous un délai de dix jours, ce qui paraissait logique compte tenu de l’évolution sanitaire nécessaire à notre ouverture, on a pu avoir une porte fermée aussi rapidement hier soir. (…) Je ne sais pas si on peut avoir de l’espoir mais en tous les cas on continuera à avancer et à chercher des solutions. »

Éric Brèche, président du SNMSF : « C’est l’incompréhension totale. Plus que jamais, nous avons travaillé ensemble, avec tous les acteurs de la montagne afin de préparer au mieux ce début d’hiver si particulier. On a co-construit un protocole qui devait nous permettre d’être opérationnels. On se demande comment fonctionne ce gouvernement puisque nous avons été reçus par la moitié de l’exécutif lundi, qu’on nous a annoncé une réponse entre le 5 et le 10 décembre, pour finalement apprendre par le président de la République que les remontées mécaniques ne pourront pas ouvrir pour les vacances de Noël. Sur la méthode et sur la forme, c’est très décevant. Nous avons besoin d’explications car il y a de l’incompréhension et de la colère. (…) Cependant, la cordée montagnarde reste unie et déterminée. On doit imaginer la suite à donner, regarder devant et avancer pour être prêt lorsqu’il y aura le feu vert. On se doit d’au moins sauver la deuxième partie de l’hiver. (…) Il est également important de préciser que les stations ne sont pas fermées. Certes les remontées mécaniques restent à l’arrêt mais dans les stations, il y a une vie à l’année et les gens pourront profiter de la magie de la montagne pour les fêtes. »

Frédéric Porte, directeur général de Tignes Développement : « Nous avons été très surpris par l’actualité, et les annonces du Président, mais nous restons mobilisés. C’est une éventualité qui avait été envisagée, mais ces derniers jours, ce scénario était en train de s’éloigner. Nous avons appris à nous en tenir aux grandes lignes, et ensuite aux modalités d’application qui s’en suivent généralement dans les heures ou dans les jours à venir par le Premier ministre et son équipe. Nous restons donc évidemment dans l’attente de précisions, car il y a tout de même certains doutes qui peuvent subsister. Néanmoins, pour nous, le mot d’ordre reste toujours le même : se garder des effets d’annonces et rester mobiliser sur la suite, qui sera quoi qu’il arrive importante. Habituellement, la saison commence tôt à Tignes et se termine tard. Nous devons donc restés mobilisés car il y a beaucoup à faire. Nous avons la chance d’avoir un bel enneigement qui dure longtemps : au cœur de l’hiver, mais aussi au printemps, ce sont là des périodes extraordinaires pour découvrir la montagne. Pour nous, l’important est donc de continuer à se préparer pour offrir quelque de sain et d’hyper-qualitatif aux visiteurs qui pourront venir bientôt. »

Jean-Luc Boch, président de l’ANMSM et de France Montagnes (sur sa page Facebook) : « Ce soir, nous avons tous collectivement pris une douche froide, dans les montagnes. Nous sommes dans l’incompréhension et l’abattement. Le travail accompli collectivement avec tout l’écosystème des stations, acteurs publics comme privés, était un des plus aboutis qui soit. Ce soir, j’ai des pensées pour vous, socioprofessionnels, travailleurs, saisonniers. Ensemble, nous continuerons d’agir pour proposer les conditions sanitaires les plus abouties. Je pense enfin à tous ceux qui souffrent de cette cruelle maladie. »

Patrick Ricou (Président) et Yvan Chaix (directeur), Agence de Développement des Hautes-Alpes «Vous autorisez l’ouverture d’établissements en lieux clos mais pas la pratique du ski, activité de plein air par excellence. Vous autorisez les déplacements entre régions pour passer Noël en famille, mais pas en station. Vous évoquez une coordination européenne alors que les stations suisses sont ouvertes et les italiennes resteront fermées jusqu’en février. Hier soir, vous avez anéanti des mois de travail entre le gouvernement, les professionnels et élus de la montagne pour construire les protocoles de santé adéquats. Vous mettez nos territoires de montagne en danger en sous-estimant gravement les conséquences économiques et sociales d’un report d’ouverture en janvier, pour nos communes, nos entrepreneurs et nos salariés majoritairement saisonniers ; jamais l’État ne pourra compenser à sa juste mesure le préjudice tant les stations portent l’économie des Hautes-Alpes.»