LUCIE BRELET, UNIVERSITÉ DE NÎMES - UPR CHROME : Quand la transition touristique en montagne se doit d’être réfléchie au niveau territorial…

Anticiper la fin de ski alpin c’est aussi anticiper le développement des activités de pleine nature. C’est pourquoi, la station de Métabief accompagne une recherche en sciences sociales afin que la transition touristique se fasse dans le respect des équilibres environnementaux et sociétaux.

Le Mont d’Or, massif de moyenne montagne dans le Jura, fait aujourd’hui l’objet d’un enjeu majeur : la transformation de la station de ski alpin de Métabief en station de montagne toute saison. La solution de la diversification par des activités de pleine nature est généralement mise en avant pour conserver l’attractivité de la montagne. Mais ces activités ont des impacts importants sur la biodiversité et sur les autres activités humaines. Un atelier de design fiction réunissant des commerçants du tourisme, des pratiquants d’activités de pleine nature, des moniteurs, des accompagnateurs, des agriculteurs et des forestiers, a été organisé en plein hiver Covid (février 2021). Cet atelier a fait émerger une crainte collective de voir, un jour, la montagne interdite à cause des pressions exercées par les pratiquants, empêchant ainsi le développement des activités hors-neige.

Cet hiver Covid a déclenché pour le Syndicat mixte du Mont d’Or (SMMO), gestionnaire de la station de Métabief, une prise de conscience pour envisager son modèle « post ski alpin ». Le SMMO s’est alors rapproché de la Fédération départementale des chasseurs du Doubs (FDC25) pour conduire une démarche utilisant les sciences humaines avec une méthodologie innovante. C’est une thèse en psychologie sociale et environnementale qui a alors été lancée au printemps 2021. Voici les éléments de la méthodologie.

1re étape : établir un diagnostic.

En 2021, 59 personnes ont été interrogées (éleveurs, forestiers, chasseurs, pratiquants sportifs et touristes) avec la méthode des cartes mentales : ils devaient dessiner le territoire du Mont d’Or tel qu’ils se le représentaient, puis ils devaient interagir avec leur représentation (identifier les zones considérées comme naturelles, les zones considérées comme surfréquentées, ou encore les zones de loisirs personnels).

Cela a mis en évidence un phénomène de délocalisation des pratiques sportives de la part des habitants voulant fuir les zones touristiques très fréquentées, notamment la station. Un sentiment « d’envahissement » des zones pastorales et forestières a ainsi émergé. De plus, les résultats ont dévoilé une forme de perte de contrôle sur l’encadrement de ces pratiques, notamment, car certaines zones identifiées comme des zones de loisirs personnels se situaient sur des zones naturelles sensibles. Enfin, ces cartes dévoilaient de nombreux conflits d’usages. De manière générale, une pression sociale était ressentie chez beaucoup de chasseurs, éleveurs et forestiers interrogés. Elle se traduisait par un sentiment d’être épié, jugé voire agressé au regard de leur activité. De nombreux chasseurs et forestiers ont même partagé des craintes quant à la coexistence possible de leur activité avec l’augmentation de pratiques hors-piste.

Lucie Brelet est doctorante en psychologie sociale et environ-nementale. Elle est en contrat CIFRE avec le SMMO et l’UPR CHROME (Université de Nîmes) depuis le printemps 2021.

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