Robert Bolognesi, directeur de METEORISK : Avalanches, quelles menaces sur les routes ?

Certaines voies d’accès aux stations de ski, communes de montagne et hautes vallées peuvent être parfois fort dangereuses, en saison hivernale, si elles comportent des tronçons exposés aux avalanches.

Or, la sécurité des usagers doit être garantie ; il s’agit d’une injonction morale, sociale, juridique et même économique. De façon générale, il faut donc minimiser le risque sur les routes et, pour cela, il faut commencer par le cerner en le quantifiant avec précision et objectivité. Cet article présente une méthode développée à cet effet.

En préambule, on peut rappeler que le risque se définit comme le produit de deux facteurs :

  • d’une part la probabilité qu’une avalanche touche le tronçon routier considéré ;
  • d’autre part le dommage qu’elle occasionnerait alors en termes de pertes de vies humaines.

Ainsi, plus formellement, le risque (moyen) n’est autre que l’espérance mathématique de la variable aléatoire décrivant le dommage potentiel, c’est-à-dire… un indicateur que tout statisticien sait calculer. Voilà de quoi être rassuré !

Robert Bolognesi est nivologue. Cet expert franco-suisse a fondé le bureau d’études Meteorisk après ses expériences professionnelles dédiées  au phénomène avalancheux, et ses travaux universitaires, dont une thèse consacrée à l’analyse spatiale des risques d’avalanches.

On notera que ce risque moyen ne permet pas de déduire le risque instantané. Bien qu’il soit lié au climat local, il ne dépend pas des conditions nivo-météorologiques du moment : connaître le risque moyen n’est donc d’aucune utilité pour prendre une mesure de sécurité ponctuelle, à un instant de l’hiver ; en revanche, il s’avère indispensable pour décider de travaux de sécurisation.

Les stratégies de sécurisation sont multiples, car aucune d’entre-elles n’est universelle. Dans telle situation, une galerie paravalanche représentera la solution optimale ; dans telle autre, il faudra plutôt installer des ouvrages de retenue dans la zone de départ ; dans d’autres cas, il sera plus indiqué d’organiser un service de prévision locale des avalanches et d’effectuer des déclenchements préventifs réguliers… Quelle que soit l’option envisagée, une évaluation du risque résiduel s’impose pour vérifier que cette option est adaptée. Le calcul du risque permet donc de révéler les problèmes tout comme il aide à les résoudre.

Principes d’évaluation du risque

  •  Calculer la probabilité qu’un usager de la route, circulant à une vitesse connue, se fasse emporter par une avalanche touchant le tronçon exposé, au cours d’une période donnée ; cette probabilité dépend de divers facteurs dont le temps de retour (périodicité) de l’avalanche, la longueur du tronçon menacé et sa déclivité, la vitesse du véhicule et sa longueur ;

  • Évaluer la conséquence de cette avalanche via la « létalité », celle-ci étant la probabilité de décéder dans un véhicule qui est pris dans une coulée. Une statistique portant sur des accidents en Suisse a montré qu’elle est voisine de 0,18 en moyenne ; mais elle peut s’écarter sensiblement de cette valeur selon la topographie locale et la taille habituelle de l’avalanche.