En plus de son ascenseur valléen, la commune de saint-gervais (Haute-Savoie) inaugurera au printemps une autre forme de mobilité, qui fonctionnera grâce à la gravité des eaux usées.
Le vallon du parc thermal de Saint-Gervais-les-Bains ne se situe qu’à 200 mètres du bourg à vol d’oiseau. Pourtant, depuis la suppression il y a une quinzaine d’années de la navette qui desservait les thermes, ce trajet représente près de cinq kilomètres par la route. Une situation qui a conduit la commune à innover.
« Nous ne sommes pas, ici, dans un concept de mobilité à la française qui consiste à remplacer de vieux véhicules par des nouveaux sans rien imaginer. Nous inventons des nouvelles mobilités, tant au travers de l’ascenseur valléen que de cet ascenseur à eaux usées : jusqu’à présent ces liens n’existaient pas »,
souligne le maire de la commune, Jean-Marc Peillex, qui rappelle que le bourg du Fayet est distant de 4,5 kilomètres de la plupart des services.
Une énergie gravitationnelle déjà disponible
Vieux de quinze ans, ce projet d’ascenseur, né de l’imagination de l’ingénieur britannique Michael Farmer, a été associé à l’idée d’utiliser l’énergie potentielle gravitationnelle de l’eau déjà présente en amont dans le réseau d’assainissement. Des réseaux existent en effet sur chaque rive du torrent Bon Nant pour acheminer les eaux usées des Contamines et de Saint-Gervais vers la vallée pour être épurées. Le système de cet ascenseur utilise ce réseau existant pour remplir une cuve tampon de 10 m3, qui permet d’injecter 1 m3 dans la ballastière de la cabine afin de la faire descendre. Ce volume est ensuite rejeté, en aval, dans le réseau d’eaux usées de l’établissement thermal.
« Nous créons une forme de mobilité nouvelle, même si nous n’avons rien inventé dans la conception. Nous ne faisons que reprendre ce qu’avaient imaginé les anciens qui utilisaient d’autres forces que l’électricité. »
Ce système, intégré par le groupement d’entreprises dirigé par POMA, constitue le « numéro zéro » d’un système qui pourrait être dupliqué à d’autres endroits en montagne pour relier des pôles difficiles d’accès.
Avec cette solution de mobilité, qui plus est décarbonée, l’ascenseur permet de rallier le fond du parc thermal et le bourg de la commune en moins de cinq minutes. Cet ascenseur ne vise pas les trajets domicile/travail ou ceux du quotidien. Il s’adresse aux visiteurs, aux promeneurs qui souhaitent découvrir Saint-Gervais sans emprunter les chemins existants et leurs 200 mètres de dénivelé, ainsi qu’aux familles avec des enfants en bas âge, ou aux personnes à mobilité réduite.
En accès gratuit
« Nous aurions pu en faire une tirelire, en faisant payer son utilisation. Nous jouons la carte du non payant, comme c’est le cas à Saint-Gervais pour le parking, couvert ou aérien. Demander de l’argent aux visiteurs à peine arrivés n’est pas la bonne technique lorsque l’on veut faire du vrai commerce et de l’accueil »,
affirme Jean-Marc Peillex.
« C’est une vraie solution de mobilité gratuite. » À noter, l’installation est automatisée. Le coût des contrats d’entretien et de la petite centrale d’épuration pour le dégrillage des eaux usées, soit 60 000 euros annuels, représente peu au regard des 18 M€ du budget communal de fonctionnement.
Les travaux, qui ont déjà débuté, utiliseront un blondin pour éviter le recours à l’hélicoptère. La mise en service de l’ascenseur est programmée pour avril 2024.
Potentiellement disponible 24/24h, cet ascenseur devrait voir ses horaires calqués sur ceux de l’établissement thermal.
L’ascenseur en chiffres
- Capacité de la cabine : 15 passagers
- Dénivelé : 177 mètres
- Pente : 48°
- Groupement d’entreprises :
POMA, Ingénierie Hydro,
Remind architecte, STM Pugnat, Mauro
- Marché de conception-réalisation : 5,13 M€, dont 200 000 € du plan Avenir Montagne, et financés à 30% par le Département et à 70% par la commune