Financement : Dérapages interdits pour les pistes de bobsleigh de La Plagne

Avec un modèle économique qui fait ses preuves depuis les JO d’Albertville, la piste du hameau de la Roche semble loin de l’infrastructure perfusée aux fonds publics, souvent décriée.

Ce 9 janvier 2024, les membres de la commission technique du CIO s’étonnent de visiter une infrastructure sportive pour des disciplines confidentielles, qui a trouvé son modèle économique de conversion post-olympique.

« Les élus et le directeur de piste semblent bien avoir été visionnaires »,

approuve Bruno Thomas, directeur général de la piste olympique.

Attraction touristique

Si le foncier appartient à la commune et les bâtiments au syndicat intercommunal de la Grande Plagne, « une convention d’objectifs est signée tous les quatre ans avec l’association Bob Luge qui a pour but depuis 1992 de gérer et promouvoir la piste », décrit l’ancien pilote de bobsleigh de haut niveau de 1996 à 2002, qui a participé aux JO de Salt Lake City.

Après 20 ans d’évènementiel sportif, à la demande de Jean-Luc Boch, le maire de La Plagne, il a pris la direction de la piste qui génère deux sources de revenus : une activité sportive de 1 000 heures par an pour les entraînements des clubs français et étrangers et l’organisation de compétitions internationales, comme la coupe du monde de bobsleigh et skeleton accueillie en début d’hiver, la coupe du monde junior de luge… obligeant à complaire aux dernières normes des fédérations internationales comme l’IBSF.

Deuxième rentrée financière, celle du grand public au contact de la glace de novembre à mars, via trois engins distincts : le Bob Raft familial capitonné et transportant quatre passagers à 75 km/h, la Speed Luge pour une personne à 95 km/h, enfin le Bob Racing à trois passagers assis derrière un ancien pilote professionnel à 120 km/h… De quoi encaisser 3 à 4 G.

Durabilité dans le viseur

Du mardi au dimanche, 20 000 touristes négocient donc les 19 virages à toute allure quand le lundi est consacré à la maintenance. « Tous les jours, un surfaçage est requis », complète le Grenoblois d’origine qui dirige 22 personnes pour un budget de fonctionnement d’1,1 million d’euros. L’activité avec le public a rapporté 800 000 euros l’an dernier, les sports 150 000 euros et le reste a été couvert par le Département et le syndicat intercommunal (160 000 euros).

« Le peu de marge qui est dégagé est réutilisé pour l’entretien et la rénovation des bâtiments »,

précise-t-il, constatant que les pistes allemandes sont largement subventionnées par les Länder ou les américaines par les States.

En revanche, des travaux majeurs, financés par la Région, le Département et le syndicat intercommunal ont été effectués en 2007 pour s’affranchir de l’ammoniac servant au système de réfrigération, et donc des contraintes environnementales et autorisations administratives afférentes. Les Plagnards ont ainsi été les premiers à utiliser de l’eau glycolée (antigel et eau) qui circule en circuit fermé dans les 75 km de serpentins noyés dans le béton. Un rétrofit qui a permis le développement de l’urbanisme sur le site.

C’est aussi la source de l’eau de la mine, impropre à la consommation, qui est aspergée pour figer la glace. À la fonte, elle est rendue à la nature. La piste a été recouverte d’une toiture, car seuls les virages étaient protégés des intempéries. Si le fonctionnement s’autofinance, les investissements de long terme ont donc profité d’apports financiers extérieurs. Mais cette unique piste olympique en France semble aussi un atout d’attractivité pour La Plagne, la Tarentaise et au-delà. Appréciée par les équipes car réputée technique, elle donne une identité au territoire, comme les JO 2030 pourraient bien encore le démontrer.