Lac de Serre-Ponçon Touché, mais pas coulé

Tout l’été, le niveau d’eau du lac de Serre-Ponçon a abreuvé l’actualité des médias

En mai déjà, quand après un hiver particulièrement sec, la cote du lac avait tout juste atteint les 774 m, 6 mètres en dessous de sa cote d’exploitation, fixée à 780 m sur cette période. Puis, pour son démarrage de saison, en juin, lorsqu’elle avait déjà perdu 4 mètres, faisant craindre pour les activités nautiques proposées sur le lac. Anticipant ces difficultés, le Syndicat mixte d’aménagement et de développement de Serre-Ponçon décida de réquisitionner les points d’arrimage, habituellement loués aux plaisanciers, pour les réserver aux prestataires de loisirs. « Nous avons choisi l’option, qui nous paraissait la plus juste économiquement, socialement et humainement, de maintenir l’activité économique du lac », justifie Victor Berenguel son président. Entre 800 et 1 000 emplois dépendent de ce tourisme lacustre, dont une large partie est occupée par des résidents du territoire. « Ainsi, sur 100 prestataires, seuls deux n’ont pas pu fonctionner. »

Solidarité entre l’amont et l’aval

Alors que la saison se termine avec une cote frôlant les 760 m et une baisse du chiffre d’affaires estimée entre 40 à 60 %, – « due aussi à l’éclairage médiatique défavorable sur le lac », pointe le président –, l’heure est au questionnement sur le futur de l’exploitation des abords du lac. « Avec le réchauffement climatique, il faut s’attendre à ce que cette situation se reproduise plus souvent. Nous devons nous adapter dès maintenant. » Les différents échelons politiques se sont ainsi portés au chevet du lac : 30 à 35 millions d’euros d’investissements sont annoncés pour réaménager les plages et diversifier l’offre. « Les équipements sont calibrés pour une baisse du niveau de 10 m, nous voulons les rendre opérationnels avec un marnage de 20 mètres et agrandir les plages, pour développer les ailes de saison ». 

Plus foncièrement, le président souhaite entamer une discussion autour du partage de la ressource, avec les usagers du lac cet automne. « La convention prévoit 200 millions de m3 pour les besoins en eau du bassin aval entre le 1er juillet et le 30 septembre, sans concertation sur ses usages, or certaines dépenses pourraient être rationalisées. Il faut que l’aval soit solidaire avec l’amont pour ne pas pénaliser nos activités. »

En chiffres :

> 200 millions : La convention signée en 1953, à la création du lac, prévoit de fournir 200 millions de m3 d’eau au bassin méditerranéen (3,5 millions de personnes) entre le 1er juillet et le 30 septembre.

> 91 kilomètres :Le lac de Serre-Ponçon cumule 91 kilomètres de rives, dont 11 seront aménagées en plages. Toutes les activités nautiques pratiquées dans la mer Méditerranée (voile, kite surf, bateau…) y sont possibles.

> 600 000 euros : Le Syndicat mixte d’aménagement et de développement de Serre-Ponçon (SMADESEP) enregistre un manque à gagner de 600 000 euros cette saison, suite à la réquisition des points d’attaches au bénéfice des prestataires.