Denise Leiboff : « L’élevage façonne nos territoires »

La fédération nationale des communes pastorales a été officiellement créée au mois de mai dernier. l’actualité du pastoralisme par la présidente de cette nouvelle entité, Denise Leiboff.

La création de cette nouvelle entité vient-elle combler un manque ?

D.L – Nous avions créé l’Association des communes pastorales de la région SUD PACA en 2016. Au fil des quatre années de travaux, nous nous sommes rendus compte qu’il existait une demande d’autres territoires au plan national. Hélas ces communes n’étaient pas organisées comme nous l’étions.

Nous avons donc créé cette fédération nationale pour accepter toutes les communes de France.

Le projet était prêt en février, mais en raison du Covid puis des élections municipales, la concrétisation n’a pu avoir lieu qu’au mois de mai. Nous avons souhaité avoir un pied à terre dans la capitale ; nous avons donc signé une convention avec l’ANEM qui nous permet d’établir notre siège social dans ses locaux parisiens.

Quels sont les enjeux du pastoralisme aujourd’hui ?

D.L – Le pastoralisme est en danger. L’urbanisation à outrance réduit les territoires pour ces métiers. La profession d’éleveur est difficile et suscite peu de nouvelles installations. Ce manque va engendrer de nouvelles problématiques, car c’est l’élevage qui façonne nos territoires. 

Il nous appartient de soutenir cette activité. Nous travaillons sur une charte des communes et des territoires pastoraux. Mais les enjeux sont multiples pour montrer l’intérêt de la profession pour les territoires et empêcher l’abandon des zones d’estives. De nombreux travaux nous attendent comme le statut juridique du loup, la cohabitation entre les touristes et les chiens de protection, le sylvopastoralisme…

Les récentes envies de retour à la nature, de circuits courts, vous sont pourtant favorables.

D.L – C’est un vœu pieu. La population se rend compte de l’intérêt du pastoralisme, et de l’agriculture en général. Mais une fois sur place, c’est autre chose : les promeneurs côtoient les chiens de protection, les touristes ignorent que certains alpages sont loués par les éleveurs et pensent que toute la montagne leur est accessible… Il faut apprendre à gérer ce type de difficultés dans la relation entre touristes et éleveurs. Il faut communiquer, expliquer, échanger. C’est le rôle de la fédération, qui souhaite par exemple faire paraître un livre à destination des enfants pour leur expliquer le métier d’éleveur. Il faut beaucoup de dialogues pour faire évoluer les mentalités.