Puy-Saint-Vincent Dans son «écrins»

Si son emplacement a d’abord été un frein à sa création, il est aujourd’hui le gage d’un environnement préservé, parmi les plus majestueux des alpes du sud. Puy-Saint-vincent, ou La protégée des vents, tire de plus profit d’une rare qualité de neige pour le bonheur des skieurs.

Bien que les premiers repérages pour la pratique du ski sur le secteur de Puy-Saint-Vincent datent de l’avant-guerre, la station ne voit le jour qu’en 1968. Entre les deux dates, trente ans de rebondissements et d’allers-retours, qui ont sans doute laissé le temps aux acteurs locaux pour mûrir et prendre en main le développement de leur vallée.

Le versant ubac de la Gyronde est en effet scruté dès la fin des années trente par la Société centrale d’équipement du territoire (SCET), qui souhaite installer une station d’hiver dans la région. À l’époque, Vallouise est déjà un haut-lieu de l’alpinisme, mais la pratique du ski n’y a pas encore fait son entrée. Ses pentes herbeuses et peu ventées semblent pourtant tout indiquées. Mais ce sera le site de Serre Chevalier qui sera finalement choisi. « Le village est jugé encore trop difficile d’accès », raconte le maire, Marcel Chaud. Puis, la guerre de 1939-1945 anesthésie tous les projets d’aménagements de la SCET.Quand l’organisme s’intéresse à nouveau au secteur, en 1957, le ski s’est popularisé. Deux remontées ont été installées à Vallouise et Pelvoux pour répondre à cet engouement. La SCET imagine alors une station à grande échelle, où toutes les pentes Nord seraient équipées pour le ski, l’hébergement se concentrant en fond de vallée, mais l’altitude est estimée trop basse. « Les terrains ont cependant déjà été cédés, à la Société d’équipement des Hautes-Alpes (SEDHA), filiale de la SCET, chargée de mettre en œuvre le projet », rappelle Marcel Chaud. Études et discussions se poursuivent encore.

En 1965, les communes de la vallée, réunies en un syndicat intercommunal, décident de s’engager dans le projet de la construction de la station, la SEDHA, en difficulté financière ne pouvant plus le porter. « Ambroise Roux, le maire de Puy-Saint-Vincent, soutenu par d’autres élus, a convaincu les habitants de relancer la station. » L’emplacement est déterminé dans son village, à 1 400 m d’altitude. Le projet est mené par un groupe d’entrepreneurs et d’artisans de la vallée.

Les premiers équipements rencontrent un vif succès, entraînant le besoin de s’agrandir à 1 600 m. « On avait déjà le sentiment qu’il fallait mettre le front de neige plus haut ». Le syndicat passe la main à un promoteur de la Côte d’Azur pour construire une station intégrée en un seul bâtiment, rassemblant les hébergements, les commerces et les services. Le domaine skiable prend une autre dimension avec la construction de la télécabine de la Bergerie. En 1981, il atteindra le sommet de la Pendine à 2 750 m, qui deviendra le point culminant de la station. Les années sans neige de 1990 plombent les comptes. Il faudra attendre les années 2000 pour que les investissements sur le domaine skiable reprennent, accompagnés d’une augmentation du nombre de lits : le « troisième étage » de la station, à 1 800 m, est alors lancé.