Micro-tourisme : l’aventure près de chez soi

Seul, en couple ou en famille, la micro-aventure est accessible à tout un chacun que ce soit pour découvrir la nature, le patrimoine ou des activités sportives. Par certains aspects, la crise du Covid-19 a renforcé le besoin de proximité dans l’expérience touristique. Mais au fond, c’est quoi la micro-aventure ? 

Cet été je visite la France. C’était LE slogan des vacances pour promouvoir la richesse des territoires de l’Hexagone. Une ode au tourisme national qui peut largement s’étendre à l’année, et pas uniquement sur des séjours classiques à la semaine ou sur quinze jours. Tendance légère avant la crise sanitaire du Covid-19, la micro-aventure connaît un boom marqué depuis le déconfinement. Besoin de proximité, besoin d’espaces, besoin de nature, besoin de grandeur avec peu. Partir loin mais près de chez soi, c’est un petit peu ça le micro-tourisme. Et l’une des ses forces, c’est qu’il ne connaît ni la saisonnalité, ni de limites dans les activités. Chacun part pour son expérience. Car la micro-aventure peut se vivre et s’exprimer de tellement de manières différentes selon les territoires et les aspirations de chacun. Quoi de plus facile que de claquer la porte de chez soi et partir deux ou trois jours pour une escapade authentique et revivifiante ? Si la démarche peut sembler peu compatible avec les séjours traditionnels été ou hiver dans les stations de ski, la tendance au micro-tourisme peut et doit permettre aux destinations de montagne d’attirer une nouvelle clientèle, et également d’opérer un petit virage stratégique afin de coller au mieux aux aspirations des clientèles plus jeunes et parfois plus urbaines. Car indéniablement, le tourisme de proximité est une opportunité dans la vie économique à l’année de la petite à la haute montagne.La période post-confinement, comme pour de nombreux autres domaines de la société, a agi comme un catalyseur pour une frange de la population, avide de davantage de naturalité et de grands espaces et moins en phase avec les attroupements des grandes périodes de vacances. 

Par la force des choses

Sur internet et les réseaux sociaux, les blogs, agences de voyages ou médias spécialisés de la micro-aventure ont connu un pic de fréquentation qui ne faiblit pas. « En termes de trafic sur notre site internet, c’était de l’ordre de 300 à 400 % de plus qu’habituellement », explique Ferdinand Martinet, l’un des deux créateurs de Chilowé, l’un des médias qui compte dans le business de la micro-aventure. Si toutes les visites ne se transforment pas en séjours, elles témoignent néanmoins d’une vraie appétence pour le très court séjour de proximité. « Depuis quelques années, on cherche moins une destination, qu’une expérience. Une partie du lointain a disparu au profit de la proximité avec soi-même. Car il s’agit avant tout de réaliser des voyages intérieurs », analyse Jean Viard, sociologue spécialiste du temps libre et directeur de recherche au CNRS dans une interview au NouvelObs. Ainsi, Chilowé a collaboré avec les Arcs sur une journée ski de randonnée en décembre 2019 avec 300 participants, ou avec l’entité Savoie Mont Blanc Tourisme sur une stratégie marketing. « Une des questions qui se pose, c’est comment attirer un public jeune en montagne, et qui parfois ne connaît pas très bien ce milieu ? La micro-aventure apparaît comme une formidable porte d’entrée », détaille Claudine Blanc-Eberhart, directrice générale jusqu’au 1er octobre. Car pour un Lyonnais ou un Parisien, Bourg-Saint-Maurice ou d’autres gares savoyardes sont à portée de TGV. L’accessibilité ferroviaire facilite ces courts séjours prisés à n’importe quel moment de la semaine. Et ils correspondent à ces escapades en tribu, en solo ou en famille.

Quels hébergements ?

Si le champ des possibles est infini dans le choix des activités, de la randonnée au ski, en passant par le vélo sous toutes ses formes, le canyoning et bien d’autres, les logements sont souvent des bivouacs, des gîtes ou des refuges. Les professionnels de l’hébergement sont encore peu nombreux à entrer dans la danse, et cela peut se comprendre car la nécessité de coller à la saisonnalité et celle de proposer des créneaux pour des courts séjours ne sont pas forcément compatibles. Alors si la micro-aventure attire et séduit de plus en plus et fait vivre des acteurs économiques, quelle est la marge de manœuvre de ces professionnels ? Est-ce un phénomène qui correspond ou est complémentaire aux activités des domaines skiables ? Ou bien est-ce qu’il concerne la montagne au sens large ? Quoi qu’il en soit, nombreuses sont les destinations à tenter de communiquer sur la micro-aventure, qu’elle soit sur deux heures ou sur deux jours, comme à Avoriaz, Val d’Isère, ou plus globalement en Savoie, dans les Vosges, dans le Vercors ou en Chartreuse. C’est bien dans la capacité d’adaptation et d’anticipation des tendances que les stations peuvent rivaliser. Si le tout ski n’est plus, il reste l’activité économique la plus rentable et la plus indispensable pour faire vivre des territoires. Des territoires d’une richesse incroyable qui ne demandent finalement qu’à être explorés de différentes façons avec des aspirations écologiques et durables de plus en plus prégnantes.

Définition micro-aventure
 Micro-séjours, micro-aventure, micro-tourisme. De quoi on parle en fait ? Le micro-tourisme c’est un peu l’aventure près de chez soi. Un tourisme qui sort des sentiers battus du tourisme de masse, avec des aspirations plus proches de la nature. Il concentre donc les très courts séjours et les micro-aventures. Ce concept touristique a été porté au début des années 2000 par l’auteur et aventurier britannique Alastair Humphreys. Selon lui, la micro-aventure est une aventure mais en « [plus] petit, atteignable, pour des gens normaux avec des vies normales ». Simplicité, accessibilité et courte durée sont les maîtres mots bien que leurs sens varient selon les profils. L’expérience et l’émotion deviennent les sommets à atteindre pour ces nouveaux explorateurs modernes. 
Découvrez ce dossier en intégralité dans l'édition n°280 de Montagne Leaders.
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