AMMA Architecte : Valoriser l'existant

L’AGENCE D’ARCHITECTURE A MIS SA RELATIVE JEUNESSE DE CÔTÉ POUR AFFIRMER SES VALEURS ET PARTICULIÈREMENT SA VOLONTÉ DE PRIVILÉGIER LE PATRIMOINE BÂTI AUX CONSTRUCTIONS NEUVES.

Mathieur MIET, le dirigeant

On a coutume de dire qu’une entreprise devient mature après cinq ans d’activité. Créée en octobre 2015, AMMA Architecte y parvient en 2023, après une croissance interrompue par la crise du Covid.

À son origine, trois associés. Quelques années plus tard, et des philosophies de développement entrepreneurial différentes, Mathieu Miet est aujourd’hui l’associé unique de cette agence d’architecture installée à Saint-Ismier, à proximité de Grenoble. Après une dizaine d’années au sein d’Amplitude à travailler pour le monde du travail (industrie tertiaire, laboratoires de recherche), le logement et le secteur public, Mathieu Miet s’est concentré sur le secteur économique en s’associant avec l’entreprise d’ingénierie ER2I, pour lancer AMMA Architecte. Le destin en décide autrement :

« Le premier projet sur lequel nous avons collaboré était l’escalier des Grands Montets », se souvient-il. Les prémices d’une collaboration durable avec la Compagnie du Mont Blanc et d’un développement tourné vers la montagne.

5 à 20 projets par an

En octobre, l’agence a clôturé son exercice avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 750 000 euros. « Nous sommes, depuis l’année dernière, sur une nouvelle dynamique de sortie de crise Covid. Cet exercice nous permet de remonter le chiffre d’affaires de façon conséquente. Avec une équipe de dix collaborateurs, nous sommes déjà dimensionnés pour l’an prochain ce qui va nous permettre de réellement décoller pour atteindre voire dépasser les 900 000 euros de chiffre d’affaires. » La montagne prend une place à part dans l’activité de l’agence. Certes les affaires représentent des montants moindres que dans le secteur industriel, mais douze de ses quinze projets de l’année sont situés en zone de montagne. « C’est la plus grosse année “montagne”. L’exercice prochain suivra cette tendance. Cela correspond à mon objectif de ces dernières années qui consiste à développer à fond ce secteur, » assume Mathieu Miet.

Saisir l’âme de lieux

Qu’elle intervienne dans le monde des entreprises ou celui de la montagne, AMMA retrouve des similitudes dans ces projets techniques – gestion des flux, format de construction, temporisation des projets… – même si son dirigeant reconnaît au milieu montagnard une certaine avance quant à la qualité environnementale liée au choix des matériaux, notamment sur les refuges. « Gagner ces concours de refuges est particulièrement valorisant. Il faut saisir la philosophie de ces bâtiments qui ont une âme, une vie autour du gardien, de l’accueil ou des secours. Ce sont nos projets les plus techniques. » Des affaires qui amènent AMMA à réfléchir à l’autonomie énergétique et au mix le plus approprié à chaque refuge, selon sa localisation.

Priorité à la réhabilitation

Désormais reconnue pour ses relations humaines et son sérieux, l’agence affirme ses valeurs – elle a pris part à la CEC – en privilégiant quasi-exclusivement des affaires de réhabilitation : « Nous n’avons pas honte de dire non à un projet, en expliquant notre décision. C’est l’une de nos réflexions : commencer à refuser des contrats qui ne seraient plus dans nos valeurs. »

AMMA réalise encore des extensions de bâtiment, mais les plus resserrées possible, et avec la volonté de compenser l’emprise au sol. « Au sortir d’un modèle des années soixante, la seule réponse que l’on ait trouvé est d’agrandir les stations par du logement neuf, notamment en créant des résidences touristiques excentrées, ce qui contribue à tuer les cœurs de stations, regrette Mathieu Miet, tout en s’interrogeant sur la tendance de la montée en gamme. Est-ce là la réalité de la montagne de demain ? » Une tendance qui ne fait que conforter l’agence dans ses choix : 

« S’il s’agit d’un projet de réhabilitation d’un immeuble en montagne, à transformer en résidence, en hôtel ou en logements, nous nous positionnerons, car c’est la valorisation d’un patrimoine déjà construit. Un mètre carré de façade construit correspond à une tonne d’émission de CO2. Nous n’avons aucun intérêt à détruire des bâtiments aujourd’hui. »