Eiffage : la route verte des Houches

Les 18 et 19 septembre, l’entreprise Eiffage a posé un tronçon de 260 mètres de long en biophalt pour le compte d’autoroute et Tunnel du Mont-Blanc (ATMB). Se dirige-t-on vers une révolution de l’enrobé ?

Eiffage et ATMB se sont associés pour réaliser aux Houches, à 930 m d’altitude, une portion de route innovante à base d’un liant végétal. Fruit de six années de recherche et développement, le Biophalt est présenté comme un enrobé tiède à hautes performances techniques et environnementales qui remplace le bitume, dérivé du pétrole. De par sa formule, 40 % de matériaux recyclés d’anciennes routes et un liant végétal issu d’un coproduit de la sylviculture française (principalement de résineux), il permettrait la construction de chaussée à empreinte carbone neutre. « Le Biophalt est un engagement environnemental de notre entreprise puisque nous utilisons à la fois des matériaux recyclés mais aussi parce que la fabrication à tiède permet de réaliser des économies d’énergie. Nous estimons que c’est l’avenir », détaille Philippe Bouchut, directeur d’agence grand travaux régionaux chez Eiffage.

Plus résistant mais plus cher

Ses capacités de résistance ont été testées à l’Université Gustave Eiffel. « Un enrobé classique casse après un million de passages d’essieux de 13 tonnes. Après deux millions de passages, le Biophalt n’a pas présenté de défaut structurel », expose Jérôme Dherbecourt, directeur technique d’Eiffage route Centre Est. Avec une circulation très dense (10 000 véhicules par jour), des températures basses (100 jours/an en dessous de 0 degré), la RN205 présentait les caractéristiques adéquates pour une expérimentation grandeur nature. 

Pour ATMB, le budget de l’opération, qui comprenait également la rénovation du tunnel dans le prolongement des 260 mètres de route, est de 800 000 euros. Car aujourd’hui, le Biophalt est deux fois plus cher qu’un revêtement classique. « Nous avons beaucoup d’espoirs sur le développement du produit et sur notre capacité à baisser les coûts et à être plus compétitif dans les années à venir », avance Jérôme Dherbecourt. 

C’est l’environnement qui en ressortirait gagnant.