Regard économique sur les hébergements en montagne

Il serait réducteur d’affirmer qu’un lit touristique en vaut un autre. Les performances et les retombées économiques sont étroitement liées à la structure des lits et à leur implantation.

De la typologie des lits

Le secteur « de particulier à particulier » (PAP) est diversement représenté en montagne : en station de charme*, le volume de lits PAP est deux fois plus important que celui des agences immobilières ; en station Grand domaine**, ces volumes sont équivalents.
Si les lits non commercialisés constituent le volume de lits le plus important, leur nombre évolue différemment : il représente, de façon stable, 49,5 % de la capacité des stations de charme, mais affiche une baisse en stations Grand domaine pour peser 39,2 % de leur capacité. Ces dernières connaissent ces dernières années un « réchauffement » des lits qui peut trouver son origine dans le rôle actif des plateformes PAP ou dans le travail sur l’attractivité de ces destinations (mise en marché, animation, garantie neige…).
Le secteur PAP pèse davantage sur les stations de charme que sur les stations grands domaines : 19,1 % de leur capacité totale (et en légère augmentation depuis trois ans) contre 15,4 %.
De fait, les lits commercialisés par des hébergeurs professionnels représentent 45,4 % de la capacité des stations Grand domaine, et 31,7 % de celle des stations de charme.
Le poids des résidences de tourisme est, lui, plus impactant sur les stations Grand domaine (16,6 % de la capacité totale) qu’en stations de charme (9,4 %).
Les agences immobilières sont, elles aussi, plus fondamentales dans la structure des stations Grand domaine (14,3 %) qu’en stations de charme (10,5 %).
Le secteur des Centres & villages vacances représente pour sa part quasiment 10 % de l’offre des stations Grand domaine avec un poids en évolution positive ces dernières années en lien avec les nouvelles constructions.

De la performance commerciale

Les Centres & villages vacances et le secteur hôtelier affichent des performances bien distinctes selon la typologie de station.
Pour les premiers cités, les niveaux de remplissage sont particulièrement variables. Sur les stations de charme, ce secteur génère une activité de 58 % de remplissage en moyenne sur la saison d’hiver, contre 77 % sur les stations Grand domaine. Ces dernières comptent des établissements dont la dimension internationale ainsi que le niveau d’intermédiation sont très marqués, contrairement aux établissements des stations de charme qui se caractérisent davantage par des publics familles, mais également scolaires.
Le secteur hôtelier connaît également des niveaux de remplissage inégaux. Un hôtel de station de charme génère un remplissage de 43 % contre 57 % sur une station Grand domaine. Là encore le niveau d’intermédiation, le volume de lits par établissement permettant d’accueillir des groupes et séminaires. En outre, les niveaux de gamme expliquent ces différences marquées en matière de remplissage comme l’amplitude d’ouverture de la station en général (jusqu’à 2 à 5 semaines de plus pour les stations Grand domaine).
Le secteur PAP est également logiquement mieux rempli sur les stations Grand domaine (48 %) que sur les stations de charme (41 %). Le constat est similaire pour les performances des agences immobilières : 43 % dans les stations de charme, et 52 % dans les stations Grand domaine.

De la perception client

Du point de vue de la clientèle, les Centres & villages vacances ainsi que les résidences de tourisme jouent la carte « prix intéressants » et les agences immobilières bénéficient de la plus grande satisfaction.
Les résidences de tourisme et les Villages vacances sont privilégiés par la clientèle francilienne : un client français sur quatre en est originaire. Cette clientèle est en revanche moins utilisatrice des sites PAP. Ce secteur est particulièrement attractif pour la clientèle des bassins de proximité des massifs alpin et pyrénéen. Les clientèles du bassin grand Nord-Est sont attirées par les séjours en hôtels ou en agences immobilières.
Les résidences de tourisme et Villages vacances, appuyés par la commercialisation des groupes, sont les « aspirateurs » à nouveaux clients (39 % en moyenne). A contrario, les agences immobilières et le secteur PAP bénéficient de la plus forte fidélité (76 % et 71 %).
Le principal critère de choix des établissements, « le prix intéressant », reste le même pour chaque catégorie. Toutefois ce critère est particulièrement discriminant pour les Villages vacances et les résidences de tourisme. Les animations commerciales des opérateurs nationaux jouent donc leur rôle : les prix ne sont pas nécessairement moins élevés, mais l’animation commerciale signifie au client qu’il fait une bonne affaire.
La catégorie Villages vacances constitue un facteur d’attractivité en tant que tel. Puisque les clients plébiscitent la « solution hébergement » comme critère de choix. L’offre d’hébergement en tout compris constitue un vrai critère discriminant pour la clientèle adepte.
Les clientèles réservant leur séjour en agences immobilières sont guidées par un mix de fidélité, d’atmosphère du village, le caractère familial de la destination ainsi que l’emplacement skis aux pieds, et la qualité du domaine skiable.
Si la durée de séjour est logiquement moins élevée sur les séjours hôteliers (55 % de courts séjours), elle est la plus élevée en agences immobilières (70 % de séjours semaines). La consommation de forfaits de ski à la semaine est toutefois la plus élevée dans les Villages vacances et résidences de tourisme (38 % des forfaits consommés sont à la semaine).
La clientèle hôtelière est celle qui bénéficie du plus haut niveau de revenus mensuels (4 139 € en moyenne par foyer), suivie de celle séjournant en résidences de tourisme (3 900 €). A contrario, les clientèles séjournant en agences immobilières ou en C2C sont celles qui disposent des revenus les moins élevés (respectivement 3 629 € et 3 608 €).
Les agences immobilières remportent le plus haut niveau de satisfaction, au global du séjour et sur l’hébergement en lui-même… Talonné par les hébergements issus du secteur PAP.

Des retombées économiques

Le principal constat l’est au plan économique : un lit en station Grand domaine génère environ deux fois plus de retombées économiques qu’un lit en station de charme.
En moyenne sur une saison d’hiver, un lit PAP génère 3 529 € dans une station de charme contre 5 948 € dans une station Grand domaine. Ce secteur est celui qui génère les retombées les moins importantes.
Si un lit hôtelier permet des retombées économiques proches du secteur PAP sur une station de charme (3 798 €), la performance sur une station Grand domaine est à souligner : 7 124 €, soit davantage qu’un lit en agence immobilière.
Les retombées économiques restent pourtant encore plus impactantes pour les résidences de tourisme et Villages vacances. Un lit en résidence de tourisme génère 4 766 € de retombées sur une saison d’hiver en station de charme et 8 081 € sur une station Grand domaine.

Émilie Maisonnasse, G2A Consulting