Bien que moins prégnant pour une saison d’été que sur l’hiver, le manque de personnel a pu toucher certains secteurs de la montagne cet été, tels que la restauration et l’hôtellerie. « Il s’agit de s’adapter à la demande des saisonniers et de leur proposer des logements de meilleure qualité », suggère Patrick Prevost.
Une trajectoire de croissance
Amorcé il y a trois ans, l’engouement pour la montagne se confirme avec une fréquentation équivalente à la saison dernière, qui était « déjà une année exceptionnelle ». Patrick Provost, le maire de Saint-François- Longchamp, souligne aussi l’effet météo, qui a boosté la fréquentation en juillet. « Nous avons eu un surplus de clientèle venue trouver la fraîcheur, agrémentée d’une clientèle de proximité les week- ends. » Les clients recherchent toujours le bien-être, les grands espaces, les panoramas, les activités diversifiées et les atouts santé de la montagne. Les évènements culturels ou sportifs, tels que les trails, les triathlons et bien sûr le Tour de France, viennent ponctuer la saison en dopant la fréquentation.
Un contexte économique favorable mais incertain
Les conditions économiques et financières, dans lesquelles se trouvaient les Français en début d’été, étaient positives, selon Julien Seigui, directeur du département Finance de la Caisse d’Épargne Rhône-Alpes. « Le prix du pétrole avait baissé et tous les prix, de façon générale, s’étaient un peu détendus. » La suppression des dernières restrictions sanitaires a profité aux activités du tertiaire, et en particulier au tourisme. Cependant, « le sujet d’aujourd’hui et de demain reste l’inflation, même si elle est plus basse en France que dans d’autres pays européens, grâce au bouclier tarifaire ». Ce contexte incertain pourrait peser sur la consommation de la clientèle cet hiver.
Des évolutions de consommation de la clientèle.
L’hôtellerie est la grande gagnante de la saison avec + 89 % de taux d’occupation, au détriment des logements collectifs. Au contraire, « l’hôtellerie de plein air a dépassé ses niveaux de fréquentation de 2019, de 5 à 7 %, portée par l’envie des Français de rester en France et de coupler les hébergements avec des activités de plein air », observe Hugo Alvarez, le responsable prospectif et stratégie d’Atout France. Les touristes auraient recherché de la souplesse, des courts séjours, et réservé en fonction de la météo. Leurs dépenses conséquentes (15 milliards) sont cependant en recul de 2 % par rapport à 2019. « Le panier moyen a diminué », constate Patrick Provost.
Le vélo, activité leader de cet été.
En constante explosion, le vélo électrique a amené de nouveaux pratiquants sur la discipline. Il permet aux touristes, quels que soient leur profil et leur niveau, de découvrir le territoire d’une autre façon et de visiter des lieux autrefois accessibles à pied et en randonnée, constate Patrick Provost. Les commerces de sports confirment cette tendance : la location de vélos compte pour 30 % de leur CA et 85 % des écoles de vélos ont vu leur CA augmenter. Cet engouement amène cependant des conflits d’usage, sur la route notamment. Le plan vélo de l’État pourrait répondre à cette problématique en aidant les collectivités à financer leurs infrastructures.
L’outdoor a le vent en poupe.
Selon l’étude « Sport dans la ville » de l’USC, le sport est un élément essentiel des vacances des Français et devient ainsi un enjeu d’attractivité pour les territoires. « Les 3/4 des Français apprécient de pratiquer sur leur lieu de vacances; pour 17 % d’entre eux, c’est indispensable », note Virgile Caillet, délégué général chez l’USC. Les sports outdoor sont bien placés, boostés par « le besoin post-covid, partagé par beaucoup de Français, de se retrouver dans la nature ». Un autre phénomène modéré mais en plein essor est le sport en itinérance, souhaité par 10 % des Français. Attention cependant, à l’effet négatif des fortes chaleurs sur certaines activités.
Vers un tourisme durable : Le premier enjeu environnemental est la décarbonation du transport, qui représente 70 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur en France. Point positif du tourisme sportif : il permet de mieux répartir les pratiquants sur les lieux de vacances et de minimiser les surfréquentations, analyse Caroline Mignon, présidente d’Acteurs du tourisme durable. Ce tourisme peut aussi être un moyen de sensibiliser les visiteurs au respect de l’environnement.